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DE LA FONDATION
D’UN
ÉVÊCHÉ ANGLO-PRUSSIEN
À JÉRUSALEM.

Pendant que le roi de Prusse débarquait à Greenwich au bruit des canons anglais, un vaisseau anglais emportait dans les mers du Levant le symbole de fortunes plus grandes encore, et un évêque anglican prenait possession, « de par la reine Victoire[1] de la Syrie, de la Chaldée, de l’Égypte et de l’Abyssinie, » comme relevant de son autorité spirituelle.

Quelle que puisse être la portée de cet acte audacieux dans l’Orient, nous croyons cependant que c’est dans l’Occident que s’accompliront, dans un avenir incertain, les plus grands évènemens de ce drame, dont la première scène se passe aujourd’hui sur les bords du Jourdain. Laissons donc pour un moment ces contrées décrépites, et rentrons dans cette chère et vieille Europe, dont semblent nous détourner je ne sais quelle fatigue dénaturée et je ne sais quel ingrat dégoût de nous-mêmes. Aussi bien, l’Orient n’est ici que matière à expériences, anima vilis : ce ne sont pas Jérusalem et Constantinople qui sont le plus menacées, c’est Rome, c’est Vienne, c’est le monde entier. L’antique monarchie des Césars se laisse étouffer dans son sommeil par cette jeune et vivace puissance qui est sortie de son sein : la Prusse

  1. By licence of the queen.