Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
REVUE DES DEUX MONDES.

résultats généraux de cette grande mesure, autant qu’on peut en juger par une expérience de cinq années.

L’union a été dès le principe favorablement accueillie par l’opinion publique, et il était naturel qu’il en fût ainsi à cause de la facilité et de la commodité qu’elle mettait dans toutes les relations. L’essai qui en a été fait ne lui a rien fait perdre de sa popularité ; lorsqu’à une époque récente elle a été renouvelée pour dix ans, aucune réclamation sérieuse ne s’est élevée contre sa prolongation, ce qui prouve assez que l’immense majorité des intérêts y trouve son compte. Parmi ces intérêts, il faut mettre en première ligne ceux de l’industrie. Quoique le tarif de l’union soit comparativement peu élevé et qu’il ne renferme aucune espèce de prohibitions, les droits sont pourtant suffisans pour assurer des avantages considérables à la fabrication indigène, qui, depuis l’extension de son marché, a fait de grands et rapides progrès. L’industrie plus active de l’Allemagne du nord a été la première à profiter de l’éloignement de la concurrence étrangère ; mais les pays du midi ne sont pas restés en arrière, et ont bientôt vu s’élever de toutes parts des manufactures florissantes. Il y a eu un immense accroissement dans la production des cotonnades, des soieries, des étoffes de laine, et d’une foule d’autres objets dont les pays voisins, et surtout l’Angleterre, avaient fourni jusqu’alors la plus grande partie, en sorte que l’Allemagne non-seulement a cessé d’être tributaire de l’étranger quant à sa consommation intérieure, mais encore a pu exporter un grand nombre de ses produits et lutter avantageusement sur quelques marchés neutres avec les nations les plus avancées. Ce prompt développement de la richesse industrielle est attesté par des tableaux statistiques qui ne laissent aucun doute à cet égard. Les progrès de la production agricole, moins faciles à constater, paraissent également avoir été considérables pendant les dernières années. Il y avait deux grandes raisons pour qu’il en fût ainsi : la liberté du commerce intérieur, qui a ouvert aux produits du sol comme à tous les autres des débouchés qu’ils n’avaient pas eus jusqu’alors, et l’accroissement de l’industrie, qui a beaucoup augmenté la demande d’une foule de matières premières fournies par l’agriculture. Sauf quelques perturbations passagères et quelques souffrances individuelles qu’amène toujours, dans les premiers momens, la transition brusque d’un état de choses à un autre état entièrement différent, toutes les classes de la société paraissent avoir gagné à l’union : les riches par l’élévation du prix des propriétés et l’emploi avantageux de leurs capitaux, les pauvres par l’augmentation du tra-