Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/473

Cette page a été validée par deux contributeurs.



REVUE MUSICALE.

LA VESTALE, de Mercadante. — LE STABAT de Rossini.

Il y a en ce moment, en Italie, une école qui tend à se rapprocher du système lyrique français. On a tant répété aux Italiens que leurs roulades n’avaient pas le sens commun, et que leurs éternelles cavatines étaient absurdes, que les Italiens ne veulent plus faire de roulades et renoncent aux cavatines. À la tête de ce mouvement, qui s’évertue à tenir plus de compte de l’action et des paroles, à s’inspirer davantage du sujet et de la couleur, à fonder entre la musique et le texte une harmonie plus immédiate, à la tête de ce mouvement se place aujourd’hui Mercadante. Esprit laborieux et patient, mélodiste pathétique, mais froid, analysant la situation plutôt que se laissant entraîner par elle, et d’ailleurs, aussi versé qu’on peut l’être dans l’étude des ressources instrumentales, Mercadante se trouvait tout naturellement préparé à cette réforme. Sa phrase moins colorée, moins dramatique, moins accentuée que la phrase de Rossini dans sa première manière, moins langoureuse et sentimentale que la phrase de Bellini, appelait à son aide un certain luxe d’instrumentation fort utile, sinon indispensable. Unir le sentiment à l’action, fonder en Italie, dans des conditions climatériques, cette sorte de compromis entre la voix et l’orchestre, entre la mélodie et l’instrumentation, qui s’est perpétué chez nous de Gluck à Meyerbeer et que nous appelons le drame lyrique, tel est, si je