Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/472

Cette page a été validée par deux contributeurs.
468
REVUE DES DEUX MONDES.

cusa respectueusement de cette liberté dans une courte préface. On essaya pourtant encore, en 1737 et en 1741, de revenir à la pièce entière ; mais ce fut sans succès. Enfin, en 1806, l’empereur voulut se donner le plaisir vraiment royal de voir représenter le Cid, avec le page et l’infante, comme au temps de Richelieu. Cette fête mémorable eut lieu à Saint-Cloud le 1er juin. On a gardé le souvenir de la distribution des rôles qui fut faite par ordre ; la voici, elle est curieuse : don Diègue, Monvel ; Rodrigue, Talma ; Chimène, Mlle Duchesnois ; le roi, Lafon ; l’infante, Mlle Georges. Hé bien ! malgré les efforts et la réunion de tous ces talens, l’épreuve ne fut pas favorable. Ce qui est certain, c’est que l’infante ne comparut pas devant le parterre parisien. La suppression de ce personnage, au point de vue de l’effet théâtral, paraît une question jugée. La Comédie-Française aurait donc eu très grand tort de mêler à la prise de possession du rôle de Chimène par Mlle Rachel, une expérience d’un succès plus que douteux, et qu’on sera toujours à même de tenter dans un moment plus opportun. Le parterre a retrouvé Chimène ; il attendra patiemment l’infante.


Charles Magnin.