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et il n’y eut plus de lignes de douanes entre eux. Chacun d’eux eut à lever les droits de douane sur sa frontière, d’après un tarif uniforme, et il fut convenu que les revenus se partageraient d’après le rapport de la population du grand-duché de Hesse avec celle des provinces occidentales de la Prusse[1]. Rien ne pouvait être changé que d’un commun accord, soit dans le tarif, soit dans les règlemens de douanes. Enfin la Prusse s’engagea à ne faire de nouveaux traités de commerce qu’avec l’agrément de la Hesse, et assura aux sujets du grand-duché les mêmes avantages qu’aux sujets prussiens.

Un pareil traité s’écartait trop de toutes les habitudes et de toutes les idées reçues pour ne pas exciter une opposition assez vive, fomentée dans les deux pays par quelques intérêts particuliers qui se trouvaient menacés : toutefois il ne fallut pas une bien longue expérience pour ramener l’opinion publique en sa faveur. La Hesse rhénane surtout, qu’on se plaisait à représenter comme sacrifiée par son gouvernement à la politique égoïste et ambitieuse de la Prusse, en retira presque immédiatement des avantages considérables. Les chiffres présentés aux états hessois à la fin de 1829 prouvèrent que le prix de tous les articles d’exportation avait haussé en un an d’environ 20 p. 100 outre les bénéfices considérables réalisés sur les produits agricoles du grand-duché, ses fabriques elles-mêmes, avaient concouru avantageusement avec les fabriques prussiennes, et l’industrie étrangère, qui auparavant était en possession de lui fournir beaucoup d’articles, avait été seule à souffrir du nouvel état de choses.

Au moment même où la Prusse et la Hesse rhénane prenaient les arrangemens dont nous venons de parler, deux importans états de l’Allemagne méridionale, la Bavière et le Wurtemberg, concluaient un traité sur des bases à peu près semblables[2]. Ces associations particulières inquiétèrent d’autres états et donnèrent lieu aux conférences de Cassel[3], qui amenèrent l’union de l’Allemagne moyenne (24 septembre 1828), modifiée plus tard par le traité d’Einbeck (27 mars 1830). Celle-ci n’était qu’une alliance commerciale d’où le

  1. Ces provinces, comme on l’a déjà dit, forment une masse territoriale tout-à-fait séparée du reste des possessions prussiennes, et la seule qui touche par plusieurs points au grand-duché de Hesse.
  2. Le 18 janvier et le 1er juin 1828.
  3. Entre le Hanovre, la Saxe royale, les Saxes ducales, la Hesse électorale, Oldenbourg, Brunswick, Nassau, Reuss, Schwarzbourg-Rudolstadt et les villes libres de Francfort et de Brême.