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produits indigènes, comme le lin, la laine et les fers, elles s’accrurent à plus forte raison dans une proportion considérable, nonobstant les mesures prohibitives prises par la Russie et par la France. Les progrès de l’agriculture ne furent pas moins marqués que ceux de l’industrie, et le gouvernement, qui avait complété sa législation douanière par un système très habilement conçu d’impôts sur la consommation, vit les revenus de l’état s’accroître dans la même proportion que la richesse nationale[1].

Le nouveau régime assurait à ceux qui y étaient soumis beaucoup d’avantages immédiats, en facilitant leurs relations mutuelles et en supprimant beaucoup d’entraves nuisibles au bien-être général. Aussi fut-il accueilli avec faveur par l’immense majorité des sujets prussiens. Il n’en fut pas de même dans le reste de l’Allemagne, et surtout dans les pays limitrophes de la Prusse. La masse principale de cette monarchie et ses provinces occidentales étaient séparées par un intervalle où les territoires de plusieurs états de la confédération se trouvaient tellement enchevêtrés les uns dans les autres, que la souveraineté y changeait à peu près à chaque relai de poste, et qu’on n’avait jamais pensé jusqu’alors à y établir des ligues de douanes. Il n’y eut qu’un cri entre l’Elbe et le Weser, lorsque la Prusse ferma ses frontières de ce côté comme de tous les autres. Une mesure aussi naturelle parut un attentat flagrant à la liberté du commerce allemand, et l’on ne se consola que par l’espoir qu’elle serait inexécutable. Mais, la mise en vigueur de la nouvelle législation ayant fait évanouir cet espoir, l’adhésion au système prussien, ou du moins un arrangement à l’amiable, parut bientôt aux états limitrophes une nécessité fâcheuse à laquelle plus tard l’expérience fit trouver des avantages réels. C’est ainsi que dans l’espace de dix années les princes qui avaient des possessions enclavées dans le territoire prussien les firent entrer successivement dans le système de douanes de leur puissant voisin. Il fut réglé que le partage des revenus se ferait tous les trois ans entre les parties contractantes, suivant le rapport de la population des enclaves avec celle des provinces prussiennes dans lesquelles elles se trouvaient comprises ; en outre, l’on dérogea sur quelques points au tarif général, afin de favoriser certains intérêts locaux. Ces arrangemens ayant promptement amené des résultats avantageux pour ceux qui y avaient accédé, on vit quelques petits

  1. Ceux qui désireraient plus de détails sur les résultats du système prussien, les trouveraient dans l’ouvrage de Ferber, Beitraege zur Kenntniss des gewerblichen und commerziellen Zustandes der preussischen monarchie, Berlin, 1829-32.