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REVUE LITTÉRAIRE
DE
LA GRANDE-BRETAGNE.

Le néant des grands faits littéraires est devenu complet en Angleterre ; la Grande-Bretagne ne vit que de détail. Sous le coup de fouet incessant de trois mille et quelques journaux, la civilisation de l’Europe sommeille. Montrez-moi où sont les Byron de l’Angleterre, les Walter Scott de l’Écosse, les Goethe de l’Allemagne et les Pellico de l’Italie. La fusion de tous les peuples et de toutes les langues, depuis les confins de la Russie jusqu’aux Orcades, depuis Cadix jusqu’à la Dalmatie, s’opère tristement, lentement, avec une sorte de paresse active et de petit bruit continu. Tous ces ruisseaux ou ces fleuves, ayant coulé pendant long-temps dans un lit fertile ou abrupte, ont fini par trouver une même pente, d’où ils s’écoulent vers un fond commun ; là leurs eaux vont se réunir, moins pures, moins limpides, moins murmurantes, sans caractère et sans couleur. Bientôt ce grand lac de la littérature européenne absorbera toutes les nuances. L’Italie et l’Espagne s’y sont précipitées les premières ; on fait des romans métaphysiques à Venise ; on écrit des mythes à Florence ; le conte historique, embelli de costumes et d’antiquités, se fait jour à Madrid. Les mêmes échanges s’opèrent vers le Nord : l’Angleterre nous emprunte le roman furieux, l’Alle-