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LE MONDE GRÉCO-SLAVE.

Valachie ; ils atteignent, à des intervalles fixes et très rapprochés, Trébizonde, Scio, Chypre, la Syrie. Ils avaient porté sur le Danube, en 1837, 47,000 passagers et 73,000 quintaux de marchandises ; dès l’année suivante, le chiffre des marchandises s’élevait à 320,000 quintaux, tandis que le nombre des passagers atteignait 74,000. Oublieuse de ces résultats, la France n’a pas même de vice-consul dans les deux grands ports danubiens, Galats et Braïla, où tous les pavillons affluent. 449 voiles ont paru en 1837 à Braïla, dont 25 autrichiennes, 20 russes, 2 anglaises, une belge, de françaises point ; à Galats, dans la même année, sont entrés 528 bâtimens, dont 18 autrichiens, 50 russes, 8 anglais, 1 sous le pavillon belge, aucun sous celui de la France. Pourtant le Danube, qui, suivant Napoléon, avec ses 500 lieues de cours et ses 120 affluens navigables, est le premier fleuve de l’Europe, le Danube n’appartient à l’Autriche que par l’entremise des Hongrois et de plus la double rive serbo-bulgare et moldo-valaque occupe les 200 principales lieues de son cours. Il serait donc facile d’en disputer aux Autrichiens l’exploitation exclusive, surtout s’il est vrai, comme on l’assure, que notre poterie et notre porcelaine commune pourraient être vendues avec bénéfice en Valachie au même prix que la grossière faïence allemande. Les objets d’exportation seraient les viandes salées pour alimenter notre marine, les bois de construction des immenses forêts des Karpathes et des Balkans, les céréales, le sel, les peaux, les laines, la cire, le goudron. L’extrême bon marché de tous ces produits bulgares et moldo-valaques, si le commerce de Marseille consentait à aller les chercher, mettrait fin aux gains énormes que font sur nous les armateurs d’Odessa. Mais il faudrait pour cela des encouragemens officiels.

Si du nord de la presqu’île gréco-slave on se tourne vers le midi pour y chercher l’action de la France, elle est également absente. La république du Monténégro devient d’année en année plus redoutable et plus influente : son débouché naturel est le golfe de Cattaro, inexploité depuis la chute de Raguse, mais qui n’en offre pas moins une des premières positions maritimes de la péninsule. De là on domine Scutari et presque toute l’Albanie. Les Monténégrins viennent à Cattaro, à Boudva et sur la côte, vendre aux Autrichiens leurs viandes fumées, leurs pelleteries, leur cire et leur bétail. Pourquoi ne pas entretenir, au moyen d’échanges commerciaux, des relations amicales avec cette montagne libre ? À Scutari, la France avait un consulat dès l’année 1640, et l’y maintint jusqu’au milieu du XVIIIe siècle ; aujourd’hui elle n’en a plus. Les prélatures et les mo-