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Azani.

Nous descendons dans la plaine d’Azani : le pays est fertile, assez bien cultivé. Au milieu de cette plaine, au bord du Rhyndacus, sur lequel sont jetés deux ponts antiques bien conservés, s’élèvent les belles ruines d’un temple dédié à Jupiter. Dix-huit colonnes formant presque en entier deux des côtés du portique, et les parties correspondantes de la cella, sont encore debout, de sorte qu’on se représente parfaitement l’ensemble tel qu’il existait autrefois. Toute la distribution, les escaliers, les voûtes subsistent encore. L’enceinte extérieure du temple est aussi fort reconnaissable. Du côté où s’élevait la façade, aujourd’hui détruite, la plate-forme était soutenue par des arcades au milieu desquelles on avait pratiqué un grand escalier servant de communication entre le temple et le quartier de la ville bâti sur les bords du Rhyndacus : cet ensemble devait être majestueux. Sur les murs de la cella, on lit plusieurs inscriptions qui rappellent des dons faits au temple ; l’une d’elles est une lettre de l’empereur Titus aux magistrats d’Azani. Dans un précédent voyage, M. Texier a relevé ces inscriptions. À peu de distance du temple se trouvent des ruines informes, dont il est difficile de déterminer l’ancien état, et plus loin un théâtre avec un stade qui lui est contigu. Ces deux derniers monumens ne sont pas d’une construction comparable à celle du temple, mais ils ont aussi leur mérite. Les gradins du théâtre font face à la montagne de Mourad-Dagh. À chaque pas, aux environs du temple et sur les bords du Rhyndacus, on trouve des sculptures charmantes ; les parapets même des quais, encore très visibles, sont ornés de figures de très bon goût ; beaucoup de pierres tumulaires sont mêlées à ces débris ; M. Texier en a dessiné plusieurs.

Les ruines d’Azani ont été découvertes vers 1826 par MM. Alexandre et Léon de Laborde : elles feraient la fortune d’une ville d’Italie, où elles seraient l’objet d’une espèce de culte artistique. En Asie, elles sont livrées à l’ignorance et à la brutalité, qui les mutilent chaque jour pour en retirer les matériaux des plus ignobles constructions.

Tauchanleu.

Nous avons couché à Tauchanleu (Ville des Lièvres), petite ville placée sur les cartes à l’est d’Azani, tandis qu’elle est en plein nord, dans la vallée du Rhyndacus, qui, à cet endroit, est le pays le plus peuplé, le mieux cultivé que nous ayons encore rencontré. Des hau-