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pour succéder à M. Duval. Personne n’ignore combien de drames et de volumes le fécond écrivain peut faire valoir pour établir ses droits au fauteuil académique. Il est probable cependant que les voix de l’Académie se porteront sur M. Ballanche, ce qui ajournerait pour quelque temps encore l’élection de M. Dumas. On parle aussi de quelques prétentions moins sérieuses. Nous ne concevons pas, pour nous, la persistance de certains candidats, lorsque tant de talens littéraires d’un ordre élevé sont là pour remplir les vides. M. Sainte-Beuve est un des premiers que l’Académie doive appeler dans son sein. Il est superflu d’énumérer ici les titres de l’écrivain qui a eu le rare privilége de servir tour à tour la cause de l’art par de si fines appréciations critiques et de si émouvantes élégies. Bientôt aussi viendra le tour de M. Alfred de Musset, ce jeune et brillant poète qui unit tant de verve à tant de grace, tant de passion à tant d’ironie. Il reste, on le voit, assez de choix à faire pour une assemblée qui doit représenter notre littérature dans ce qu’elle a d’éminent et de vital.


M. Victor Hugo vient de publier les deux volumes annoncés depuis quelque temps : le Rhin. Nous rendrons compte de cette publication. L’auteur a fait, il y a quelques années, le voyage que tout le monde fait, mais il en a rapporté ce que tout le monde ne rapporte pas, vingt-cinq lettres de descriptions et d’études historiques, une longue légende et une conclusion politique. Le fleuve allemand paraît avoir inspiré dignement le poète, le philosophe et le publiciste. Il faut espérer que les Allemands n’en voudront pas cette fois à un écrivain français d’avoir entrepris de célébrer le Rhin ; dans tous les cas, ces deux volumes ne peuvent manquer d’avoir autant de retentissement en Allemagne qu’en France.


V. de Mars.