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REVUE DES DEUX MONDES.

Et tes yeux ;
Mais rien de tout cela, jeune fille, etc.

troisième couplet.

Tristos soun las countrâdos,
Quand s’abeouzon de tu ;
Las segos, ni las prâdos
Nou soun plus embaumâdos,
Lou ciel n’es plus tan blu ;
Quand tornes, faribolo,
La languino s’enbolo,
Chacun se rebiscolo,
Minjayan tous ditous
De poutous.
Mès res d’acos, maynado
, etc.

Tristes sont les contrées
Quand elles s’aveuvent de toi ;
Les haies et les prées
Ne sont plus embaumées ;
Le ciel n’est plus si bleu ;
Si tu reviens, folâtre,
La tristesse s’envole,
Chacun se ranime,
Nous mangerions tes petits doigts
De baisers.
Mais rien de tout cela, jeune fille, etc.

Il y a bien un quatrième couplet, charmant aussi, mais je m’en tiens là, pour ne pas tout citer. Le troisième est d’ailleurs le plus joli : il finit par deux mots ravissans particuliers au patois, ditous, petits doigts, doigts de femme, et poutous, baisers.

On comprend qu’après avoir entendu une pareille chanson, Françounette est arrivée à l’apogée de sa gloire. Cette chanson, c’est Pascal qui l’a faite, et l’amour naissant de la jeune fille pour le forgeron la lui rend encore plus douce et plus belle. Mais tout à coup un bruit de gonds se fait entendre, une porte s’ouvre, un homme barbu paraît ; c’est le sorcier du bois noir. À cet aspect, tout le monde tremble. Le sorcier annonce d’une voix terrible que Françounette est fille d’un huguenot, qu’elle a été vendue au démon par son père, et que celui qui l’épousera aura le cou tordu par Satan la nuit de ses noces. Puis la porte s’ouvre d’elle-même toute grande, s’alando, dit le texte, et le sorcier disparaît, laissant Françounette terrifiée et tous les assis-