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UNE COURSE
DANS
L’ASIE MINEURE.

LETTRE À M. SAINTE-BEUVE.
Mon cher ami,

Après le plaisir de voyager, le plus grand est de raconter ses voyages ; mais le plaisir de celui qui raconte est rarement partagé par celui qui écoute ou qui lit. Aujourd’hui nul pays n’est nouveau, tout le monde a été partout, et il faut avoir autant de confiance que j’en ai dans votre amitié pour oser vous adresser le récit d’une course en Ionie et en Lydie. Je n’ai qu’une excuse : cette course dans un pays un peu moins connu que l’Italie et la Grèce m’a intéressé vivement ; ce n’est pas une raison pour que mon récit intéresse les autres, mais c’en est une pour moi de chercher à communiquer à un ami le plaisir que j’ai éprouvé, et de ne pas lui dérober sa part, comme dirait Montaigne. Ayant ainsi fait la paix avec ma conscience, qui murmurait un peu quand j’ai pris la plume pour écrire des impressions de voyage, je cède à la tentation, aux mauvais exemples, et je commence mon odyssée, qui ne sera pas longue, heureusement.