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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 décembre 1841.


L’ouverture de la session a mis en évidence quelque chose d’inattendu et de singulier. On pouvait croire qu’appelées une dernière fois dans l’arène politique, les diverses fractions de la chambre des députés s’y seraient élancées avec empressement, avec ardeur, que l’opposition surtout, oubliant dans ce moment décisif tous ses dissentimens, aurait présenté au ministère une phalange redoutable, prête à lui livrer les plus rudes combats et à lui disputer par des efforts désespérés une victoire qui aura pour récompense l’initiative des élections générales. Il n’en est rien jusqu’ici. L’élection du président n’a réuni dans la salle du Palais-Bourbon que 309 députés. Le jour suivant, 288 députés seulement prenaient part à l’élection des vice-présidens et des secrétaires de la chambre.

Cependant rien n’avait été négligé pour donner à la nomination du président toute l’importance d’un fait politique, d’un fait sérieux et décisif. Nous ne voulons pas revenir sur ce défi jeté au ministère. Il est arrivé ce qu’on avait prévu, ce qu’il était si facile de prévoir. La gauche n’a pas voulu refuser un témoignage d’estime, de préférence, à son candidat naturel, ni porter de prime abord ses voix sur un candidat qui, en réalité, ne lui appartient pas. Les centres, quelle que soit leur admiration pour le talent de M. de Lamartine, ont serré leurs rangs contre lui par cela seul qu’ils entendaient proclamer son nom dans le camp opposé. M. de Lamartine est resté avec 64 suffrages, et M. Sauzet s’est trouvé élevé sur le pavois par 193 députés sur 309. Si on avait laissé les choses à leur cours naturel, il n’aurait pas eu au premier tour 150 voix. Il aurait été nommé ensuite sans que sa nomination fût autre chose qu’un fait parfaitement insignifiant. Aujourd’hui la nomination de M. Sauzet est presque un succès pour le cabinet ; c’est une victoire qu’on