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l’exclusion violente de la royauté et l’établissement d’une république avec ou sans un dictateur. L’avenir de l’Espagne serait alors jeté au vent des tempêtes, et il serait bien à craindre que le cercle des convulsions intestines ne finît par aboutir à don Carlos. Ce nouveau pas serait la conséquence logique de tout ce que les anglo-exaltés ont fait jusqu’ici. Nous aimons à espérer pourtant qu’ils ne le tenteront pas. Ils se sont jetés dans une impasse : voudront-ils en sortir par un crime ? Si, malheureusement, ils le peuvent, rien n’autorise à leur en prêter la pensée. Peut-être auront-ils recours à des atermoiemens ; peut-être voudront-ils au contraire brusquer le mariage pour en être maîtres. Dans tous les cas, l’embarras est de leur côté, car, quand on n’avance pas en révolution, on recule. Nous ne saurions faire trop de vœux pour que la vérité de cette situation soit généralement comprise en France. Soit fatalité, soit mauvaise politique, la France a perdu sa position en Espagne ; mais le mal n’est pas irréparable. Seulement il ne faut pas songer à un rapprochement impossible avec un gouvernement qui nous est hostile par son origine même ; il faut savoir s’abstenir et attendre. Le temps, l’intérêt de l’Espagne, travaillent pour nous, et nous n’aurons peut-être pas à attendre beaucoup la crise qui peut nous servir.


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