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POLITIQUE EXTÉRIEURE.

AFFAIRES D’ESPAGNE.

L’Espagne a fortement occupé dans ces derniers temps l’attention publique. Au moment où tout paraissait calme du côté des Pyrénées, des bruits mystérieux de conspiration se sont tout à coup répandus. Sur trois points à la fois, à Madrid, à Paris et à Londres, ces bruits ont éclaté. À Madrid, le gouvernement a pris avec fracas des mesures militaires ; à Paris, les journaux qui ont embrassé la cause du régent ont crié à la trahison ; à Londres, des explications solennelles ont eu lieu dans le parlement. Jamais secret n’avait été plus mal gardé ; on savait à point nommé où devait commencer le mouvement, qui devait le tenter, quelles étaient les ressources préparées, les moyens mis en jeu. Qu’est-il arrivé à la suite de tout ce bruit ? Absolument rien. Cabrera, qu’on disait à Paris, n’a pas quitté Lyon ; Narvaez, qu’on cherchait à Tanger, a été vu à l’Opéra. Tout s’est borné à l’arrestation d’un révérend père capucin qui écrivait des brochures furibondes de carlisme, et qui s’est trouvé être un agent secret de l’ambassade d’Espagne en France. Ce qui tient à l’Espagne se présente souvent sous la forme d’un imbroglio. La politique de ce pays ressemble à ces comédies où il y a toujours quelqu’un de dupé.

Cette fois, quel était le mot de l’énigme ? Nous craignons bien que ce ne soit en Angleterre qu’on doive le chercher. L’ancien ministère whig tient avec raison à soutenir le gouvernement actuel de l’Espagne ; c’est son œuvre, et il a bien ses motifs pour la trouver bonne. Le nouveau cabinet tory n’était pas engagé comme son prédécesseur en faveur d’Espartero ; il l’est maintenant.