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DE
LA LITTÉRATURE
DES OUVRIERS.

« Le peuple, sous bien des rapports, dit un écrivain démocrate, le peuple au moins tel qu’on le fait ne sort guère de l’enfance[1]. » Il y a effectivement entre l’état moral de l’enfant et celui du peuple de frappantes analogies. Dans l’un et dans l’autre, la raison ne jette que des lueurs indécises et courtes ; dans l’un et dans l’autre, l’esprit, comme un sol vierge, attend les impressions, les images et les idées qui en détermineront le caractère et la force. Avec quels soins la tendre vigilance d’une mère et d’un père doit cultiver et diriger les premiers développemens d’une intelligence enfantine ! À ce moment de la vie tout a son importance ; ce qu’on met dans la tête et dans l’ame d’un enfant décidera plus tard de sa destinée : pesez vos paroles et méditez vos leçons, car elles renferment l’avenir d’un homme. Nous ne connaissons rien de plus respectable et de plus sacré que les efforts sincères du peuple pour s’élever à la vie morale. Quand un

  1. M. de La Mennais, Esquisse d’une Philosophie, t. I, p. 247.