compromise. Ils ont allumé, soudoyé peut-être la guerre civile. Enfin, c’est un Anglais, c’est le Morning-Chronicle, c’est le partisan le plus déterminé de lord Palmerston qui le dit : « Il ne reste plus qu’à rendre la Syrie au vice-roi. » On le ferait certainement, si l’orgueil des puissances, après avoir causé le mal, n’était là pour empêcher la réparation. Voilà pourtant les résultats contre lesquels lord Palmerston a joué l’alliance de la France et la paix du monde !
J’irai contre une opinion reçue, mais erronée, en avançant que l’Angleterre elle-même n’a pas retiré du traité de Londres les avantages qu’elle espérait. En Orient, elle a soulevé contre elle les musulmans et les chrétiens, et n’a plus d’influence que sur les conseillers incapables ou corrompus du sultan. En Occident, sa réputation de force n’a pas grandi, lorsqu’on l’a vue appeler à son aide l’Allemagne et la Russie pour imposer à la France ; quant à sa réputation de bonne foi, cette dernière trahison devait l’achever. On s’est souvenu du bombardement de Copenhague en apprenant le bombardement de Beyrouth.
En changeant le principe de sa politique à l’extérieur, l’Angleterre a inévitablement changé le principe de sa politique intérieure : elle n’a pas pu substituer l’alliance de la Russie à celle de la France, sans appeler les tories à remplacer les whigs. Dès ce moment, sa sécurité a été menacée. Les questions de réforme ont pris des proportions révolutionnaires, et les ressentimens qui déchaînent les classes laborieuses contre une aristocratie puissante, mais oppressive, sont devenus un danger public.
L’alliance de la Russie ne peut être une alliance utile pour la Grande-Bretagne qu’en vue de la guerre. L’alliance de la France, alliance formée en vue de la paix, en était la plus solide garantie. Or, la paix est le premier et le véritable intérêt de l’Angleterre, car elle ne peut plus acquérir, et elle doit vouloir conserver.
L’alliance de la France avec l’Angleterre donnait aux deux puissances constitutionnelles de l’Europe la prépondérance maritime. Elles pouvaient braver ensemble les États-Unis et la Russie. Aujourd’hui, l’Angleterre est condamnée à servir l’ambition du cabinet de Pétersbourg, car elle serait hors d’état de résister soit à une coalition de la Russie avec la France, soit à une alliance offensive et défensive de la France avec les États-Unis, soit même à un concert de la Russie avec l’Autriche pour se partager les lambeaux de l’empire ottoman.
Dans mon humble, mais sincère opinion, l’alliance de la France était encore plus nécessaire à la Grande-Bretagne que l’alliance de la