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vernemens respectifs, en conséquence des stipulations de l’article 7 de l’acte séparé annexé au traité du 15 juillet, prennent la liberté de recommander au sultan dans le cas où Méhémet-Ali se soumettrait promptement au sultan, consentirait à rendre la flotte turque et retirerait ses troupes de la Syrie, d’Adana, de Candie, ainsi que des villes saintes, non-seulement de réintégrer Méhémet-Ali en qualité de pacha d’Égypte, mais encore de lui conférer l’hérédité de ce pachalik, suivant les conditions spécifiées dans le traité de juillet.

« Si le sultan, comme le gouvernement de sa majesté ne peut pas en douter, consent à suivre le conseil que les quatre puissances vont lui donner, il serait à propos que la Porte prît sans délai des mesures pour faire connaître à Méhémet-Ali ses gracieuses intentions à cet égard. »

Quand on compare cette note, qui fut communiquée au gouvernement français dans les termes les plus gracieux, à la dépêche comminatoire écrite par lord Palmerston le 8 octobre, la modération du fond et de la forme ne peut qu’être un sujet d’étonnement. Le 8 octobre, lord Palmerston annonce qu’il fera ce que la France lui interdira de faire, même quand il n’aurait pas l’intention de le faire. Le 15 octobre, il conseille formellement à la Porte de revenir sur un acte que la France a déclaré qu’elle ne souffrirait pas. Même, pour nous rassurer entièrement, il veut que la Porte s’empresse de rassurer Méhémet-Ali. On ne pouvait passer plus complètement de l’esprit de bravade à l’esprit de conciliation. Et ce miracle politique, la note française du 8 octobre, appuyée par les représentations de l’Autriche, l’avait certainement opéré.

Les armemens de la France continuant, et M. Thiers annonçant l’intention de les porter au grand complet de guerre, lord Palmerston adressa, le 20 octobre, à lord Granville, une dépêche dans laquelle il faisait entendre que, si le gouvernement français prenait une attitude menaçante pour l’Europe, les puissances européennes se verraient dans la nécessité de recourir, pour leur défense, à une coalition semblable à celles qui avaient armé, sous la république et sous l’empire, toutes les puissances contre nous. Mais cette dépêche était presque affectueuse pour la France, et elle exprimait en termes fort clairs le désir sincère ou affecté de voir l’harmonie se rétablir entre les deux cabinets.

Ce fut la mission du ministère qui se forma le 29 octobre, et particulièrement de M. Guizot. L’ambassadeur de la France à Londres fut appelé à diriger nos relations extérieures, parce qu’on le supposait mieux placé que tout autre pour réconcilier notre gouvernement avec les signataires du traité de juillet. Il apportait la paix aux puis-