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Le
PARATONNERRE.

Vers la fin de l’été dernier, je me promenais pensivement de mon salon à mon cabinet, de mon cabinet à ma salle à manger, et de ma salle à manger à mon salon ; car, pour le dire en passant, je partage le goût du comfortable, auquel sacrifient aujourd’hui la plupart des jeunes célibataires qui ont de la fortune, et même quelques-uns de ceux qui n’en ont point. J’ai donc un cabinet de travail, quoique je ne fasse rien, un salon, quoique je ne reçoive pas, et une salle à manger, quoique je dîne dehors. Ma niche, choisie avec soin et décorée avec amour, ne serait assurément pas digne d’un saint, mais elle a de quoi plaire au pécheur qui l’habite. Ce jour-là cependant, j’y trouvais peu d’attraits, et je me sentais travaillé d’une irrésistible tentation d’en sortir. Mais où aller ? ou, pour exposer plus complètement la difficulté, comment passer le mois de septembre ! L’emploi du temps, ce problème sans cesse renaissant pour les oisifs, m’embarrassait en ce moment outre mesure, et depuis deux heures j’en poursuivais vainement la solution, en pérégrinant à travers mon logis.

Voyager ? Pendant les cinq derniers mois, qu’avais-je fait autre