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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 novembre 1841.


La réaction du parti démagogique se ralentit partout en Espagne. Nous nous plaisons à le reconnaître : Espartero a opposé une franche et noble résistance aux emportemens de son parti. L’empire des lois paraît se raffermir, et si les cortès ne viennent pas agiter les passions de la multitude et rallumer l’incendie, on peut espérer des jours de repos pour la Péninsule. Elle a besoin avant tout de calme et de tranquillité. Le jour où la guerre civile n’y secouera plus ses torches, l’esprit des temps nouveaux y pénétrera de toutes parts. Les richesses naturelles de l’Espagne offrent à l’industrie et au commerce un si brillant appât ! Les capitaux franchiraient les Pyrénées, et le travail, animé et dirigé par la puissance scientifique qui enfante aujourd’hui tant de merveilles, n’aurait pas besoin de longues années pour rendre aux Espagnols l’éclatante prospérité dont ils jouissaient avant que leur beau pays fût ravagé par le despotisme et la superstition.

La tranquillité de l’Espagne dépend à la fois du gouvernement espagnol et des cabinets étrangers. Le gouvernement espagnol vient de remporter une victoire contre les factieux ; s’il sait en profiter, sans en abuser, il ramènera le pays sous le joug salutaire des lois. On finira par reconnaître que l’anarchie n’a jamais pour elle ni le droit ni la force, qu’elle ne doit ses déplorables triomphes qu’à l’insouciance des bons citoyens et à la légèreté du pouvoir.

Les cabinets étrangers, en prétendant se mêler des affaires de l’Espagne, ne feraient que tenir les esprits en haleine et donner un nouvel aliment aux discordes civiles. Soupçonneux et susceptibles, les Espagnols s’irritent à la pensée de toute intervention étrangère, et ils ne sont que trop enclins à suspecter les intentions de quiconque paraît prendre un vif intérêt à leurs affaires. Nous espérons que la nouvelle d’une conférence européenne, pour délibérer sur la situation de l’Espagne, n’est qu’un bruit sans fondement. Délibérer ? sur quoi ? sur les troubles de l’Espagne ? Ils s’apaiseront probablement d’eux-mêmes, par la lassitude du pays et par l’attitude que peut prendre dans ce moment le gouvernement espagnol. S’ils ne s’apaisaient pas, qu’y faire ? Qui