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et très actifs de sa politique, capables d’en suivre par eux-mêmes toute l’application. C’est assez dire quelle est l’importance du choix de ces agens, et combien il peut influer sur l’avenir de notre diplomatie. C’est par cette diplomatie cependant que nous pouvons gagner quelque terrain en Europe, établir non-seulement en Italie, mais partout où nous avons les mêmes droits et les mêmes intérêts, notre haute et légitime influence.

Je sais qu’une opinion s’est formée depuis peu sur nos relations extérieures, qui ne tendrait à rien moins qu’à établir que nous ne devons pas rechercher d’influence dans les états secondaires ; et la raison qu’on en donne, c’est que cela amène des difficultés avec les grandes puissances. Qu’il me soit permis de ne pas m’arrêter à cette opinion. Pour un pays comme la France, les grandes puissances sont ou des alliés pour une affaire précise et déterminée, ou des rivaux. On sert ses alliés en augmentant son importance ; je n’ai jamais vu craindre de donner de la jalousie à ses rivaux. Voudrions-nous plaire ? À qui ? et pourquoi ? Grace à Dieu, la France n’est point une parvenue parmi les nations. Elle n’a rien à se faire pardonner. Elle n’a besoin de menacer ni de flatter personne pour tenir le rang qui lui appartient ; qu’elle s’abstienne donc également de ces provocations qui blessent sans effrayer, et de ces complaisances qui amoindrissent sans servir ; qu’elle marche le front levé ; qu’elle pratique hardiment la seule politique qui convienne, celle de ses intérêts. L’intérêt de la France n’a rien d’égoïste et de mesquin ; c’est celui du développement de l’esprit humain, de la marche et du progrès des institutions sociales dans le monde entier. Les peuples le savent. Cette conviction fait notre force.


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