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DE LA POLITIQUE DE LA FRANCE EN ITALIE.

lieu entre les fantaisies surannées de quelques modernes despotes et les parodies révolutionnaires des juntes espagnoles : c’est entre ces deux extrêmes qu’est l’avenir de l’Italie ; cet avenir est l’objet des vœux de tout un grand peuple. La France sait quel chemin y conduit ; qu’elle l’indique, on y marchera sous ses auspices.

Je n’ai point prétendu traiter un sujet fait pour attirer l’attention de ceux qui ne s’occupent que des affaires du moment, dans ce qu’elles ont de commun avec les préoccupations de parti et les vicissitudes du jour. La question de la politique à suivre en Italie n’est pas imminente ; il y en a de plus graves et de plus pressées. J’ai voulu montrer cependant que là aussi il y avait quelque chose qui valait la peine d’être regardé ; qu’un gouvernement prévoyant, s’il voulait être également soigneux de tous les intérêts dont il était chargé, avait en Piémont, à Rome et à Naples une position à prendre et à garder.

Arrivé au terme d’une tâche que d’autres auraient sans doute mieux remplie, je crains qu’on ne me reproche de n’avoir pas abordé les vraies difficultés et pénétré au cœur même du sujet. J’ai cherché en effet à montrer l’état des affaires et des esprits en Piémont, à Rome et à Naples, mais je n’ai que vaguement indiqué les moyens et les occasions d’influence que la France pourrait trouver et employer. Je n’ai point dit non plus vers quel but spécial et dans quelles voies il faudrait diriger ceux qui se confieraient à nous. Un mot me servira d’explication et d’excuse. Selon moi, en politique, dans de certaines circonstances qui sont, je crois, les nôtres et celles de l’Europe, c’est déjà quelque chose que d’exercer son influence pour l’exercer, pour attester, en attendant mieux, son pouvoir aux autres et à soi-même. En poursuivant un but général et lointain, on en atteint aussi de plus précis et de plus rapprochés. Qui ne sait combien sont nombreux nos intérêts dans la Méditerranée ? qui ne voit quel avantage ce serait pour nous de pouvoir fortement rattacher à notre alliance des puissances qui possèdent sur cette mer des côtes d’une si grande étendue, des ports si beaux, des positions maritimes si admirablement situées ? qui ne devine les grands bénéfices que dès à présent notre commerce méridional pourrait tirer d’un rapprochement plus intime avec chacune de ces cours d’Italie ? Quant aux occasions d’influence, elles ne manqueront jamais à qui les recherchera, ou, pour mieux dire, il n’y a même pas besoin de les rechercher. Elles naissent et se produisent d’elles-mêmes. Elles résultent des continuels et réciproques rapports qui existent, entre nations comme