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DE LA POLITIQUE DE LA FRANCE EN ITALIE.

bliquement discutées, de façon à former à leur égard une opinion nationale, précise et clairvoyante ? Qu’on ne dise pas que de telles manifestations gêneraient l’action du gouvernement ; loin de là, elles lui seraient utiles, elles l’aideraient à sortir d’une inaction qui tient moins à son indifférence qu’aux difficultés de sa situation ; il y puiserait la force qui ne lui manque que trop pour résister aux exigences individuelles, exigences funestes, nulle part aussi puissantes que chez nous, où le pouvoir le plus influent de l’état, la chambre des députés, est en majeure partie composé de grands fabricans, de riches industriels, c’est-à-dire de personnes évidemment intéressées à faire maintenir dans nos transactions commerciales les tarifs protecteurs les plus élevés, cette cause première de la ruine de tout commerce international.

À Londres, rien n’est plus fréquent que des travaux complets, quelquefois des ouvrages entiers composés de recherches et de détails minutieux sur les pays, quelque nombreux et éloignés qu’ils soient, avec lesquels l’empire britannique est en continuels rapports. Ces publications sont avidement accueillies ; elles forment l’opinion du pays. C’est là qu’il apprend à se montrer si soigneux et si jaloux d’intérêts qui lui sont sans cesse rappelés, et qu’il connaît ainsi parfaitement. C’est à cette circonstance peut-être non moins qu’à son admirable esprit national, que l’Angleterre doit l’heureux accord qui, au plus fort de ses divisions intérieures, manque rarement de s’établir entre ses hommes d’état, non-seulement sur les questions d’honneur et de sûreté qui rallient facilement tout un peuple, mais sur toutes les questions d’alliances, de traités de commerce et de navigation, d’influence politique ; questions secondaires si l’on veut, mais qui défraient la vie commune et journalière des peuples.

Ce qui se fait depuis long-temps et avec succès chez nos voisins, ce que nous voudrions voir entreprendre chez nous sur des sujets plus importans encore et par des plumes plus exercées, nous allons l’essayer pour l’Italie.

Quelle est aujourd’hui la situation politique de l’Italie ? Et quel est, au sein de la paix dont nous jouissons et à laquelle nous avons raison d’être attachés comme toute l’Europe, le genre d’action légitime, honnête, avouable au grand jour, que nous pouvons, dans notre intérêt et dans le leur, exercer sur les états indépendans qui composent la péninsule italique ? Nous n’avons, pour nous livrer à cet examen, d’autres avantages que ceux qui peuvent résulter de l’observation attentive des faits généraux et contemporains venus à la