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DE LA POLITIQUE DE LA FRANCE EN ITALIE.

d’armes, des rapides conquêtes qui durent peu ; où nos puissans rivaux ont recueilli les solides avantages d’une active habileté qui sait prévoir, attendre et ne se décourage jamais ; et cette lutte, nous ne devons pas l’oublier, car le succès ne nous est pas resté.

Peut-être n’est-il pas inutile de nous occuper de l’influence que nous pouvons exercer sur les états qui nous environnent. Le moment semble opportun, quand les hommes politiques les plus distingués de nos jours conviennent tous et prouvent assez par leurs préoccupations qu’aujourd’hui les affaires du dehors ont plus de valeur que nos discussions intérieures, toujours renouvelées, toujours les mêmes, où les distances qui séparent les opinions se sont tour à tour si singulièrement agrandies ou si merveilleusement rapprochées, suivant l’exigence des situations et les convenances personnelles de ceux qui les professaient. Peut-être aussi, quoique venant après la tribune, la presse, ou du moins cette partie de la presse qui ne prend pas une part active et passionnée aux querelles du jour, qui n’a pas choisi sa place dans l’arène, mais parmi les spectateurs, a-t-elle un avantage particulier, une mission spéciale, pour traiter les questions de la nature de celle qui nous occupe. Dans les débats parlementaires, au milieu de la lutte ardente qui s’agite incessamment entre le ministère et l’opposition, et qui fait la vie même des gouvernemens constitutionnels, les idées, les théories, deviennent, entre les mains des défenseurs ou des assaillans, de véritables armes de combat, et, une fois la bataille gagnée ou perdue, elles n’engagent plus pour l’avenir. Si quelque philosophe, se plaçant à un point de vue plus élevé, cherche à dominer les préoccupations du moment et veut développer sur la direction générale de notre politique extérieure quelque système patiemment élaboré au fond de son cabinet, son discours, par cela seul qu’il ne fait pas appel aux passions, est perdu au milieu de l’inattention générale. Chacun est tenté de lui demander, et peut-être avec raison, à quoi bon des efforts qui ne poursuivent pas un but immédiat, et qui ne peuvent aboutir à aucun résultat présent. Beaucoup de gens trouvent très commode de qualifier de chimérique tout ce qui les oblige à soulever la tête au-dessus de leur intérêt particulier, soit de personnes, soit de partis. La presse, au contraire, qui n’est tenue de conclure pour ou contre qui que ce soit, peut, par cela même, s’adresser avec plus d’autorité au pays, et l’éclairer utilement sur beaucoup de sujets importans dont il ne se soucie pas assez.

La France de 1830 n’a, je le crains, qu’un sentiment assez confus