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LA
SIBÉRIE SEPTENTRIONALE

REISE LANGS DER NORDKÜSTE VON SIBIRIEN
UND AUF DEM EISMEERE
.
[1]

Depuis le règne de Pierre-le-Grand, la Russie s’est tellement agrandie, qu’elle connaît à peine elle-même les provinces lointaines où elle a planté son étendard et les nouvelles peuplades soumises à sa domination. Elle marche, entraînée par son œuvre de conquête, et déjoue à chaque instant les calculs du statisticien et les mesures du géographe. Aujourd’hui on fixe à une certaine latitude ses limites, demain il faudra les porter cent lieues plus loin. Il y a autour d’elle je ne sais quel vaste horizon indécis, flottant, qui appartient encore de nom à d’autres puissances, et qu’elle atteint, qu’elle gagne peu à peu, sans effort apparent, par le fait même de sa gigantesque impulsion. Au nord et à l’orient, elle étend ses puissantes mains. Les tribus nomades de l’Asie s’arrêtent sous son joug, et les glaces du pôle septentrional s’ouvrent devant ses navires. Tandis que les

  1. Voyage le long de la côte septentrionale de la Sibérie et sur la mer Glaciale, par M. Wrangel. Deux vol. in-8. Berlin, chez Voss.