sures est entreprise par une alliance puissante, agissant dans l’intérêt des droits du sultan, on ne peut pas douter que Méhémet-Ali ne cède à la force et qu’il ne se soumette à la nécessité. Il est cependant une éventualité dont on doit tenir compte. Méhémet-Ali a déclaré que, si l’on tentait de le contraindre, il ordonnerait immédiatement à Ibrahim de marcher sur Constantinople. Cela peut n’être qu’une vaine menace ; mais il est possible aussi que, dans un accès de désespoir, Méhémet-Ali en fasse réellement la tentative, surtout s’il pense que cette démarche surprenne les cabinets et sème la division parmi eux. Il est donc de la plus grande importance que l’Angleterre et la Russie arrêtent à l’avance le parti qu’elles prendront dans ce cas.
« Il est clair que le sultan n’est pas aujourd’hui en état de se défendre contre une telle agression, son armée ayant été défaite et dispersée, et sa flotte ayant été livrée à Méhémet-Ali. Cependant on ne peut pas abandonner le sultan ni permettre que l’empire devienne la proie d’Ibrahim. Quelqu’un de ses alliés doit venir à son aide, et l’empereur pense que la Russie est la puissance la mieux placée pour le secourir. Il faudrait vingt jours de marche à Ibrahim pour arriver sur le Bosphore ; cet intervalle suffirait pour qu’une escadre russe occupât le Bosphore, et pour qu’une armée russe prît position, si cela devenait nécessaire, sur la rive asiatique du détroit.
« Le gouvernement russe propose de donner cette assistance au sultan, non point en vertu des engagemens séparés pris par l’empereur, mais en conséquence des engagemens que les puissances européennes vont prendre avec le sultan ; que le secours soit un acte de l’alliance et non de la Russie seule ; que les forces russes se présentent comme les forces de l’alliance, et qu’elles se retirent lorsque le but de cette démonstration aura été pleinement atteint. Une convention préalable définira le but, déterminera les moyens d’exécution, et assignera à chacune des parties contractantes la part de concours qui lui appartiendra. Toutes les opérations qui peuvent devenir nécessaires en Égypte et en Syrie, seront effectuées par l’Angleterre, par l’Autriche et par la France, et tout ce qu’il faudra faire dans l’intérieur des détroits, ainsi que dans l’Asie mineure, sera exécuté par la Russie.
« Quant aux détroits du Bosphore et des Dardanelles, le gouvernement anglais étant d’opinion qu’ils devraient être fermés aux vaisseaux de guerre de toutes les nations, tant que la Turquie est en paix, l’empereur se déclare prêt à admettre le principe et à considérer le