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HISTOIRE DIPLOMATIQUE DE LA QUESTION D’ORIENT.

ment sous la domination de M. de Nesselrode et de lord Palmerston, et déclarait à lord Beauvale[1] qu’il accéderait à l’arrangement, quel qu’il fût, que l’Angleterre et la Russie auraient arrêté de concert.

M. de Brunnow arriva à Londres le 15 septembre et se mit, sans perdre de temps, en communication avec lord Palmerston. Voici en résumé, telles qu’on les trouve expliquées dans une dépêche de lord Palmerston à lord Clanricarde, à la date du 25 octobre, et dans une dépêche de M. de Brunnow lui-même à M. de Nesselrode, à la date du 8 octobre, les propositions que l’envoyé russe portait au cabinet anglais :

« L’empereur considère le sultan comme un souverain qui est son allié et qui a droit à son appui ; Méhémet-Ali n’est à ses yeux qu’un sujet rebelle. Mais la querelle entre la Porte et son vassal peut amener des évènemens qui mettraient en péril la paix de l’Europe, et il est nécessaire de faire entre les deux parties un arrangement permanent pour obvier à ce danger. L’empereur est convaincu que, si l’Angleterre et la Russie parviennent à s’entendre sur cette question, l’arrangement qu’elles se détermineront à soutenir finira par être mis à exécution. Le gouvernement impérial sait que le gouvernement britannique est d’avis que la meilleure solution de cette difficulté consisterait dans une combinaison qui, en conférant à Méhémet-Ali la possession héréditaire de l’Égypte, ferait rentrer immédiatement sous l’autorité directe du sultan toutes les autres parties de l’empire ottoman qui sont occupées ou administrées par le pacha. Le cabinet russe préfère cet arrangement à tout autre, et il est parfaitement disposé à y concourir. Mais il faudra une contrainte quelconque pour déterminer Méhémet-Ali à l’accepter, et l’empereur ne veut pas s’embarquer dans un plan politique sans connaître les moyens qu’il aura de l’accomplir, ni s’associer à une entreprise avant d’avoir acquis la certitude que ses alliés sont décidés à aller jusqu’au bout.

« Le gouvernement russe approuve la série de mesures coercitives qui a été proposée par le gouvernement anglais[2] savoir : le projet d’intercepter toute communication par mer entre l’Égypte et la Syrie, le blocus des ports de ces deux provinces, la saisie de tous les bâtimens qui naviguent sous pavillon égyptien, et l’occupation de Candie que l’on restituera au sultan. Si l’exécution de ces me-

  1. Dépêche de lord Beauvale à lord Palmerston, Vienne, 16 novembre 1839.
  2. Voir la dépêche de lord Palmerston à lord Beauvale, du 25 août 1839.