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GUERRE ET NÉGOCIATIONS DE HOLLANDE.

mais qu’occupaient les troupes des États-Généraux des Provinces-Unies, afin d’assurer les derrières de l’armée et de tenir les Espagnols en échec. Le vicomte de Turenne ne partagea point cette opinion. Maëstricht était une ville très forte : sa garnison, à laquelle s’était réuni un corps espagnol, s’élevait à douze mille hommes. Il était à craindre qu’elle ne résistât long-temps, et que les lentes opérations d’un siége ne permissent aux Hollandais de préparer une défense plus vigoureuse et n’empêchassent la grande armée d’invasion d’exécuter son entreprise. Il fut d’avis de s’emparer de Maseyck, située sur la Meuse, à quelques lieues en dessous de Maëstricht ; de laisser dans cette place un corps d’observation destiné à bloquer Maëstricht et à contenir les Pays-Bas espagnols, et de marcher ensuite vers le Rhin pour tourner les Provinces-Unies et les attaquer au cœur même de leur puissance.

Cette opinion prévalut. Le vicomte de Turenne se présenta avec vingt mille hommes devant Maseyck, qu’il investit le 14 mai, qui se rendit le 15, dont il fit relever les fortifications et où il laissa une garnison considérable sous les ordres du comte de Chamilli[1]. Après cette opération préliminaire, Louis XIV, à la tête de son armée, longea la Meuse qu’il passa le 17 mai à Viset, entre Liége et Maëstricht, et se dirigea du côté du Rhin à travers le duché de Juliers. Il campa à Nuys le 31, et il resta sur la rive gauche du Rhin avec Turenne, tandis que Condé se porta sur la rive droite par la ville de Keyserswert[2]. Ces deux places appartenaient à l’électeur de Cologne, qui les avait mises à la disposition du roi pour faciliter ses approvisionnemens et son passage.

L’armée française était arrivée à la vue des places que les États-Généraux occupaient sur les bords du Rhin et qui leur servaient de barrière. Orsoy, Rhynberg, Burick, sur la rive gauche ; Wesel, Rees, Emmerick, sur la rive droite, défendaient l’entrée de leur pays du côté de la Gueldre et du côté de l’Allemagne. L’ordre fut donné d’attaquer en même temps les quatre premières de ces places à la fois. Le même jour, le prince de Condé, Louis XIV, le duc d’Orléans et le vicomte de Turenne, mirent le siége devant Wesel, Orsoy, Rhynberg et Burick[3].

  1. Histoire du vicomte de Turenne, t. I, p. 442-443. — Mémoires de Napoléon, t. V, p. 123-124. — Œuvres de Louis XIV, t. III, p. 126.
  2. Œuvres de Louis XIV, t. III, p. 152 à 183. — Histoire de Turenne, t. I, p. 444-445
  3. Lettre de Louis XIV à M. Colbert, du camp de Metz, le 31 mai 1672. (Œuvres, t. III, p. 183. — Histoire du vicomte de Turenne, t. I, p. 445-446.)