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REVUE. — CHRONIQUE.

Une conspiration, en apparence du moins fort ridicule, vient d’être découverte à Bruxelles. Le gouvernement belge à peine lui a-t-il accordé les honneurs d’une mention fugitive et dédaigneuse dans le discours de la couronne aux chambres ; laconisme d’autant plus remarquable que ce discours, d’une longueur inaccoutumée, se traînait péniblement sur les objets les moins importans. Cependant le complot de Bruxelles a été suivi d’une sorte d’émeute à Gand, émeute de gamins (nous dit-on), mais qu’on n’a cependant dissipée qu’avec une lenteur et une prudence qui font presque supposer des craintes plus graves. On dit qu’en Belgique les troupes sont consignées dans leurs quartiers ; on prétend aussi que plusieurs régimens français vont former un camp d’observation près de la frontière belge. Ces circonstances paraissent jeter quelques nuages sur l’affaire de Bruxelles. D’un autre côté néanmoins, qu’est-ce que le gouvernement belge peut avoir à redouter, soit des orangistes, soit des républicains ? Évidemment leurs folles tentatives ne peuvent lui faire courir aucun danger sérieux. Le gouvernement belge a des forces plus que suffisantes pour les réprimer. D’ailleurs il ne manquerait pas de secours si un danger grave et puissant les lui rendait nécessaires.

La naissance d’un prince de Galles a rempli de joie l’Angleterre. La maison de Cobourg a pris ce jour-là possession du trône. Par hasard ce même jour avait lieu l’installation du lord-maire. Au banquet, on a porté les toasts et prononcé les discours d’usage. M. l’ambassadeur de France a dit aussi quelques paroles ; elles touchaient aux derniers évènemens et aux relations politiques des deux pays. Peut-être eût-il mieux valu s’en tenir, dans cette circonstance, aux formules de la politesse, cacher l’homme politique et ne montrer ce jour-là que l’homme aimable et spirituel. Nul ne pouvait le faire mieux que M. de Sainte-Aulaire.

La lutte de l’Angleterre avec la Chine est loin d’être terminée. Les Chinois sont de pauvres soldats, et toutes les fois qu’un régiment anglais pourra les rencontrer, il en aura bon marché. Il n’est pas moins vrai que l’Angleterre a sur les bras une longue et difficile entreprise. Les distances à franchir, les maladies, les tempêtes, la résistance passive de l’ennemi, sont des obstacles plus difficiles à vaincre qu’une armée nombreuse et aguerrie. C’est ainsi que, se trouvant à l’ancre en rade de Macao et à Hong-Kong, la division anglaise a perdu, par la violence d’un typhon, deux goélettes de guerre et plusieurs bâtimens de transport : les autres navires ont presque tous été désemparés. Les avaries et le retard de la seconde expédition qu’on attendait de Calcutta, auront probablement déterminé les commandans anglais à se borner, pour cette année, à la prise de l’île d’Amoy. La campagne ne pourra recommencer qu’au mois de mai prochain. Le nouveau commissaire anglais paraît vouloir porter des coups décisifs. Si réellement le résultat devait être d’ouvrir le céleste empire au commerce de l’Occident, l’Europe entière pourrait applaudir à cette tentative. Des relations étendues et régulières entre l’Angleterre et la Chine, profiteraient tôt ou tard, du moins indirectement, à toutes les nations industrielles.