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DES
AUTEURS ESPAGNOLS
CONTEMPORAINS.

APUNTES PARA UNA BIBLIOTECA DE ESCRITORES ESPANOLES CONTEMPORANEOS.[1]

Le malheur du génie espagnol est d’avoir été trop grand, trop naïf, trop spontané, trop fort ; d’avoir épuisé toute sa sève et fait éclater toute son énergie, sans avarice, et sans compter ; de s’être fié à ses ressources, à son pouvoir et à sa fécondité ; d’avoir oublié que l’opulence des plus magnifiques torrens réclament un renouvellement, un aliment et une économie dans la dépense : son malheur, enfin, a été l’orgueil. Cet orgueil a tout pris en lui-même. Il s’est dévoré. Content de produire, et sûr de sa force, le monde lui importait peu. L’avenir même ne l’embarrassait guère. Il lui suffisait de sa conscience, de Dieu et de son épée. C’est ainsi, armés de cette fière et sombre cuirasse, protégés par ce puissant rempart, inaccessibles

  1. Por don Eugenio de Ochoa. Paris. Baudry.