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HISTOIRE DIPLOMATIQUE DE LA QUESTION D’ORIENT.

« J’ai relevé M. Wood de l’obligation de servir d’interprète à sir Charles Smith et de ces devoirs secondaires que tout le monde peut remplir. Je l’ai invité à reprendre ses démarches actives auprès des Syriens, démarches qui ont déjà produit des résultats signalés. J’ai aussi enjoint à M. Wood de ne plus se considérer comme vice-consul, et de se regarder comme absolument indépendant de l’autorité et du contrôle de qui que ce soit en Syrie dans l’accomplissement des devoirs que la confiance de la Porte lui impose, mais de m’adresser ses rapports sur tout ce qu’il fera. » (Dépêche du 18 novembre 1840.)

Enfin, et pour conclure, nous avons le témoignage de M. Wood lui-même, qui déclare qu’il a pris des engagemens avec les Syriens au nom de l’ambassadeur britannique, et que c’est la garantie de l’Angleterre qui a déterminé les montagnards à se révolter de nouveau.

« J’ai distinctement notifié à Izzet-Pacha qu’avant son arrivée j’avais déclaré aux Syriens, avec l’autorisation de votre seigneurie, que la Porte leur accorderait leurs anciens droits et priviléges s’ils rentraient dans le devoir, et que, comme je savais que c’étaient ces promesses qui leur avaient donné le courage de se révolter encore une fois contre les autorités égyptiennes, quelques semaines après qu’ils avaient posé les armes, j’attendais maintenant avec une pleine confiance qu’il exécutât tout ce que j’avais promis en votre nom. » (M. Wood à lord Ponsonby, 8 octobre 1840.)

Lord Palmerston lui-même a reconnu que M. Wood avait parlé au nom de l’Angleterre, et que les promesses faites aux Syriens engageaient le gouvernement anglais. On peut opposer avec confiance à ses dénégations parlementaires du 20 septembre 1841 ses aveux antérieurs.

« Je saisis cette occasion de rappeler à votre excellence que, comme les Syriens ont été déterminés par les autorités anglaises à prendre les armes pour le sultan, et à se déclarer en sa faveur, c’est un devoir particulier pour le gouvernement anglais de ne rien négliger pour décider la Porte à prendre à l’avenir, pour l’administration de la Syrie, des arrangemens qui puissent mettre les Syriens à l’abri de l’oppression, et les rendre heureux et satisfaits. » (Dépêche de lord Palmerston à lord Ponsonby, 12 décembre 1840.)

Lord Palmerston en convient, les populations de la Syrie ne se sont pas insurgées de leur propre mouvement ; il a fallu, pour les déterminer à prendre les armes, les encouragemens et la garantie du gouvernement anglais. L’Angleterre les a appelées à la révolte secrètement avant le traité du 15 juillet, et ouvertement depuis ce traité.