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tache en même temps, en qualité d’interprète, à l’expédition dirigée par sir Charles Smith[1].

Ce ne fut que le 29 septembre que la Porte, à la demande de lord Ponsonby, et afin de rendre M. Wood indépendant du nouveau pacha d’Acre, Izzet Méhémet, lui conféra de pleins pouvoirs pour agir en son nom[2]. Mais il ne cessa pas, pour cela, de recevoir les ordres du gouvernement anglais et jouit, en qualité d’agent diplomatique, de la même autorité que sir Charles Smith à la tête des forces de terre et le commodore Napier à la tête des forces de mer. Quand on parcourt ses nombreuses dépêches, on le voit licencier les conscrits syriens qui sont dans l’armée d’Ibrahim, déposer l’émir Béchir, et lui nommer un successeur, traiter enfin avec les chefs des Druses et des Mutualis insurgés, qui lui obéissent comme à un visir parlant avec l’autorité du Koran[3]. La Porte avait affranchi M. Wood du contrôle des pachas ; lord Ponsonby l’affranchissait de toute espèce de subordination envers les autorités anglaises.

  1. « Je donne à Sélim-Pacha toute l’assistance que je puis, en écrivant aux scheiks en son nom, en lançant des proclamations, en donnant toute espèce de renseignemens sur le pays et sur les populations. Je visite même la nuit les avant-postes avec lui jusqu’à minuit, pour lui donner confiance et pour servir d’interprète aux officiers anglais. » (Dépêche de M. Wood, 11 septembre 1840.)
  2. Le grand-visir à Richard Wood :

    « Les ministres de la sublime Porte ont eu connaissance du zèle et de l’activité que vous avez déployés en défendant les intérêts de la Porte en Syrie. Cette conduite s’accorde avec votre caractère de fidèle agent de son allié sincère, le gouvernement britannique, qui a toujours rendu à la Porte les meilleurs services, dans les circonstances les plus importantes. Votre profonde connaissance de l’état des affaires dans ce pays et votre récente nomination au consulat de Beyrouth nous font espérer que vous voudrez continuer à vous employer pour régler et pour terminer les affaires de la Porte en Syrie. En conséquence, le présent document vous est envoyé, vous autorisant, de la part de la sublime Porte, à agir ainsi à l’avenir.

    « Raouf. »

    Shallan 3,1256. — 20 septembre 1840.

  3. « Comme tout le peuple et les gouverneurs sont rentrés dans le devoir à l’égard du sultan, conformément à la loi sacrée (le Koran), et comme nous sommes actuellement à Sidon, nous vous écrivons de venir et de recevoir vos amis en sûreté, et vous serez récompensé de vos services et de votre loyauté. Toute garantie vous sera donnée. Soyez assuré, avant tout, que vous serez confirmé dans votre gouvernement. Dans l’attente d’avoir l’honneur de vous voir vendredi prochain, puisse Dieu vous donner la force de vous décider selon le livre saint (le Koran) ! » (Lettre circulaire de M. Wood aux scheiks des Mutualis, 27 septembre.)