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cette entreprise, il sera facile au ministère de l’instruction publique de mener à fin, dans l’espace de quelques années, une publication qui pourra figurer au premier rang parmi les monumens de l’érudition nationale.

Quel sera le plan suivi dans cette publication ? Comment seront classés les catalogues des bibliothèques, et dans ces catalogues les notices des divers manuscrits ? Ce sont là autant de questions, dont l’examen est confié à une commission instituée près du ministère de l’instruction publique, pour assurer les travaux relatifs à la préparation du catalogue général. Les lumières de cette commission, composée presque tout entière de membres de l’Institut et présidée par M. Victor Leclerc, sont une garantie du soin qui sera apporté dans la révision et dans le classement des différens catalogues. Un point qui est dès à présent décidé et qui nous paraît de la plus grande importance pour le succès de la publication projetée, c’est l’insertion, dans les notices consacrées aux manuscrits inédits, de quelques extraits ou analyses des passages les plus intéressans ; cette méthode a été heureusement appliquée dans des recueils du même genre, tels que ceux de Lambecius et de Casiri, par exemple. Nous ne pouvons que féliciter M. Villemain de l’avoir adoptée pour la collection dont il fait réunir les élémens ; elle répandra sur les indications toujours un peu sèches d’un catalogue l’attrait et la variété d’une suite de morceaux choisis ; offerts pour la première fois à la curiosité des savans.

— Un écrivain connu par d’intéressantes études sur la philosophie allemande, M. Barchou de Penhoën, vient de publier, sous le titre d’Histoire de la conquête et de la fondation de l’empire anglais dans l’Inde, un livre sur lequel nous appelons l’attention de nos lecteurs. La naissance, le progrès, le développement de la puissance anglaise en Orient forment, sans nul doute, un des épisodes les plus importans de l’histoire contemporaine. Il est peu d’évènemens qui soient faits pour éveiller plus vivement l’intérêt de l’homme d’état, de l’historien, du penseur. Aussi peut-on s’étonner que ce sujet n’ait tenté jusqu’à présent la plume d’aucun de nos historiens, et nous concevons sans peine qu’un écrivain philosophe se soit laissé aller à l’ambition de combler cette lacune. Ce que nous avons lu de l’ouvrage de M. Barchou de Penhoën nous persuade qu’il n’est pas resté au-dessous de sa tâche. Il est difficile de porter avec une liberté plus brillante le joug d’un long travail. En attendant l’examen que nous ne manquerons pas d’en faire, nous souhaitons que le succès de ce livre réponde au courage dont l’auteur a eu besoin pour l’entreprendre.


V. de Mars.