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pour en acquitter les intérêts, les Hollandais devaient livrer chaque année à la maison Palmer autant de denrées coloniales qu’elle pourrait en vendre avantageusement à Calcutta.

En 1826, M. du Bus de Ghisignies fut envoyé à Java en qualité de commissaire général, pour examiner l’état de la colonie et aviser aux moyens de réparer ses pertes. Il tâcha d’accroître les impôts et de diminuer les dépenses ; il présenta au gouvernement un budget approximatif d’après lequel les revenus devaient s’élever à 106 millions de florins et les dépenses à 104 millions, ce qui aurait donné chaque année un excédant de recette de 2 millions. Mais la guerre, le prix variable des denrées, les accidens imprévus, trompèrent ses prévisions, et, deux ans après son arrivée dans la colonie, il fallut de nouveau recourir à l’emprunt. Plusieurs maisons de Hollande qui faisaient le commerce dans l’Inde liquidèrent alors leur entreprise à 20 et 30 pour 100 de perte ; plusieurs autres maisons firent faillite.

En abolissant le monopole, le général Daendel n’avait pas prévu toutes les conséquences de cette mesure, et la commission générale envoyée dans l’île en 1814 ne fut pas mieux avisée à cet égard. Dès que la liberté de commerce eut été rendue à Java, on vit arriver en foule dans les divers ports de l’île des Anglais, des Français, des Américains, qui apportaient sur leurs bâtimens des denrées de diverse nature, et formaient ainsi une concurrence dangereuse pour les Hollandais. Celle des Anglais surtout était terrible. Ils répandaient dans la colonie, à un prix modique, des produits industriels bien supérieurs à ceux des Hollandais, et ne tardèrent pas à s’emparer complètement de cette branche de commerce. Les Hollandais en furent réduits à n’apporter dans l’île que des approvisionnemens. Pour subvenir à leurs dépenses, les capitaines de navires exigeaient un fret considérable ; les Anglais au contraire, qui gagnaient sur la vente de leurs objets de fabrication à Java et sur la vente des denrées coloniales en Angleterre, s’occupaient à peine des frais de transport. Chaque année, d’ailleurs, soixante à soixante-dix bâtimens anglais s’en allaient à Botany-Bay, à la Nouvelle-Hollande et dans d’autres établissemens avec une cargaison dont le transport leur était chèrement payé. En s’en revenant, ils passaient à Java et prenaient pour 80 ou 100 florins le même chargement que les navires hollandais ne pouvaient accepter à moins de 150 ou 160 florins. Une ordonnance du parlement qui fixait à 9 pence le droit d’importation du café venant de Singapour, tandis que celui des autres contrées devait payer 1 shelling, portait encore un grand préjudice à la navigation hollan-.