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générales d’un esprit élevé cette sagacité et cette connaissance intime des détails qui distinguent les administrateurs habiles. On peut dire sans flatterie qu’il est aussi compétent dans un comité du contentieux, qu’il l’est à l’Académie. Aussi espérons-nous qu’il saura, dans son projet, entourer la liberté d’enseignement, que la charte commande et que le pays attend, de ces garanties que le pays attend également, et qui seules peuvent rassurer les pères de famille.

En attendant, M. Villemain a profité de l’intervalle entre les deux sessions pour réaliser plusieurs améliorations importantes et pour lesquelles une loi n’était pas nécessaire. Nous citerons entre autres l’ordonnance du 3 octobre, qui ajoute un complément si utile à l’instruction pratique des élèves en médecine. Dorénavant, nul ne pourra être reçu docteur s’il n’a suivi pendant une année au moins le service d’un hôpital. Les facultés de médecine et les administrations des hospices ont unanimement applaudi à cette heureuse pensée. On ne verra plus de ces jeunes docteurs qui, la tête pleine de théories et de systèmes, manquaient des connaissances pratiques les plus vulgaires et les plus indispensables. L’ordonnance n’augmentera pas le nombre des grands médecins, mais il y aura plus de souffrances soulagées et moins de tâtonnemens périlleux et d’expériences hasardées. C’est beaucoup.

Les nouvelles de l’Algérie sont toujours favorables. Les chefs et les soldats sont également pleins d’ardeur, et n’ont que le regret d’avoir affaire à un ennemi qui n’ose plus les affronter. Abd-el-Kader paraît en effet découragé. S’il est fâcheux de ne pas pouvoir atteindre l’ennemi, il n’est pas moins vrai que l’émir, en évitant toute rencontre, perd tous les jours de sa puissance morale, et que les Arabes pourront enfin se persuader que notre protection leur est nécessaire. Mais, dussions-nous être accusés de redites, nous insisterons encore une fois sur la nécessité de fortifier nos établissemens par de nombreuses colonies françaises.


V. de Mars.