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REVUE. — CHRONIQUE.

dans leur domaine naturel, qui est la presse périodique, en attendant le jour où elles pourront être vidées à la tribune.

Rien n’annonce que la session puisse s’ouvrir avant la fin de décembre. Nous ne voulons pas répéter ici tous les bruits qui circulent sur nos hommes politiques, sur les projets qu’on leur prête et les combinaisons qu’on enfante. Il n’y a probablement rien de vrai dans tous ces bruits, et qu’importent, d’ailleurs, toutes ces questions d’hommes, lorsqu’en réalité elles ne touchent point aux choses ?

C’est des choses que nous voudrions qu’on s’occupât sérieusement, avec résolution et maturité. Entendrons-nous traiter les affaires du pays, ou assisterons-nous comme juges du camp aux luttes toutes personnelles de nos orateurs ? Nous prions les électeurs de ne pas perdre de vue cette question le jour où les candidats se présenteront humblement devant leurs commettans. Qu’ils ne leur demandent pas ce qu’ils ont dit, mais qu’ils leur demandent ce qu’ils ont fait, quelles sont les lois importantes dont ils ont doté le pays, ce qu’ils ont fait pour nos prisons, pour nos colonies, pour nos projets de chemins de fer, dont nous parlons beaucoup tandis que les nations voisines exécutent les leurs ; pour notre système hypothécaire, si imparfait qu’il paralyse le crédit foncier ; pour l’organisation du conseil d’état, pour le noviciat judiciaire ; bref, ce qu’ils ont fait pour le progrès et l’amélioration du pays, pour que la France, si riche en ressources de toute nature, conserve parmi les nations civilisées et puissantes le rang élevé qui lui appartient.

Espérons que le gouvernement, par une initiative hardie et féconde, mettra les députés en état de présenter aux électeurs des résultats positifs et dignes de la reconnaissance publique. On nous assure en effet que, dans plus d’un ministère, il s’élabore des projets importans ; on nous fait espérer que la session ne sera pas stérile. On parle d’un grand projet de loi sur les chemins de fer, réalisant le système qui nous a toujours paru le plus conforme à notre situation politique et financière, je veux dire l’action combinée du gouvernement et des compagnies.

M. le ministre du commerce avait promis d’étudier à fond la question des droits qui pèsent sur le bétail, et de présenter aux chambres le résultat de ses recherches. Il n’a pas sans doute oublié ses promesses. Il paraît s’occuper aussi des moyens d’étendre l’institution des prud’hommes et de l’appliquer en particulier à la ville de Paris. C’est un point des plus délicats ; mais, bien combinée, l’institution peut amener d’excellens résultats, dissiper de fâcheux préjugés et ôter des prétextes de troubles et de désordre. Nous reviendrons sur cette importante question.

M. le ministre de l’instruction publique présentera de nouveau aux chambres un projet de loi sur l’instruction secondaire, avec toutes les améliorations que lui auront suggérées une étude encore plus approfondie de cette matière si délicate, et les vives discussions dont le premier projet a été l’occasion. M. Villemain est du petit nombre de ces hommes qui réunissent aux vues