Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 28.djvu/321

Cette page a été validée par deux contributeurs.



LA
FLOTTE FRANÇAISE
EN 1841.

Une sérieuse étude à faire serait celle du rôle que joue la marine dans la vie des nations et de l’influence qu’elle exerce sur leurs destinées. Pour le prestige et l’éclat, rien ne la surpasse, rien ne l’égale ; partout où elle acquiert quelque développement, de brillans résultats l’accompagnent. À diverses époques de l’histoire, la marine a eu la vertu d’élever au niveau des puissances du premier ordre plusieurs villes, plusieurs états, qui ne tenaient qu’une place imperceptible sur la carte du globe : ainsi Tyr et Sidon dans l’antiquité, Venise et Gênes dans le moyen-âge. Son action sur la grandeur d’un pays ne semble dépendre ni du chiffre de la population, ni de la superficie du sol. Long-temps la Hollande domina, du sein de ses canaux, toutes les mers connues, et la fortune de l’Angleterre est évidemment hors de proportion avec l’étendue de son territoire européen et le nombre de ses sujets originaires.

Ce phénomène tient à plusieurs causes, à deux surtout. L’une est la prospérité financière qu’une navigation considérable détermine toujours. La richesse est un grand élément de force, surtout depuis que les guerres sont devenues des questions de crédit public. Le mouvement maritime assure donc des ressources pour les jours de lutte. En outre, il affermit la trempe du caractère national. Les peuples voya-