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REVUE DES DEUX MONDES.

Gonthramn, feignant d’aller à la chasse, se fit conduire par le pêcheur au lieu où cet homme avait élevé un monticule de gazon[1]. La terre ayant été creusée, on trouva le cadavre de Chlodowig couché sur le dos et presque intact ; une partie de la chevelure, celle qui posait en dessous, s’était séparée de la tête, mais le reste, avec ses longues tresses pendantes, y demeurait encore attaché[2]. À cet indice qui ne laissait point de doute, le roi Gonthramn reconnut le fils de son frère, l’un de ceux dont il avait tant souhaité de pouvoir retrouver les restes. Il ordonna pour le jeune prince des funérailles magnifiques, et, menant lui-même le deuil, il fit transporter son corps à la basilique de Saint-Vincent, aujourd’hui Saint-Germain-des-Prés[3]. Quelques semaines après, le corps de Merowig, découvert dans le pays de Térouane, fut apporté à Paris, et enterré dans la même église, où reposait aussi le roi Hilperik[4].

Cette église fut le tombeau commun des princes mérovingiens, de ceux-là surtout qui, enlevés par une mort violente, ne purent choisir eux-mêmes leur sépulture. Son pavé subsiste, et, dans l’enceinte de l’édifice rebâti plusieurs fois, il garde encore la poussière des fils du conquérant de la Gaule. Si ces récits valent quelque chose, ils augmenteront le respect de notre âge pour l’antique abbaye royale, maintenant simple paroisse de Paris, et peut-être joindront-ils une émotion de plus aux pensées qu’inspire ce lieu de prière consacré il y a treize cents ans.

Augustin Thierry.


    probabit. Nam quando Chlodovechus interfectus est ac sub stillicidio oratorii cujusdam sepultus, metuens regina ne aliquando inventus cum honore sepeliretur, jussit eum in alveum Matronæ fluminis projici. Tunc intra lapsum quod opere meo ad capiendorum piscium necessitatem præparaveram, reperi. Sed cum ignorarem quisnam esset, a cæsarie prolixa cognovi Chlodovechum esse… (Greg. Turon., Hist. Franc., lib. VIII, cap. X, apud Script. rer. gallic. et francic., t. II, p. 316.)

  1. Quod cum rex comperisset, confingens se ad venationem procedere… (Ibid.)
  2. Detectoque tumulo, reperit corpusculum integrum et inlæsum ; una tantum pars capillorum quæ subter fuerat, jam defluxerat ; alla vero cum ipsis crinium flagellis intacta durabat. (Ibid., p. 317.)
  3. Convocato igitur episcopo civitatis, cum clero et populo et cereorum innumerabilium ornatu, ad basilicam sancti Vincentii detulit tumulandum. (Ibid.)
  4. Post hæc misit Pappolum Carnotenæ urbis episcopum, qui Merovechi cadaver requirens, juxta Chlodovechi tumulum sepelivit. (Ibid.)