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DE
LA RENAISSANCE
ORIENTALE.[1]

Toute révélation vient d’Orient, et, transmise à l’Occident, s’appelle tradition. L’Asie a les prophètes, l’Europe a les docteurs ; et tantôt ces deux mondes, échos de la même parole, ont entre eux un même esprit, ils s’attirent, ils se confirment l’un l’autre, et gardent le souvenir de la filiation commune ; tantôt leurs génies se repoussent comme deux sectes, leurs rivages semblent se fuir ; du moins ils s’oublient, pour se retrouver et se confondre plus tard ; et jamais l’accord ne se rétablit entre l’un et l’autre, que de cette harmonie ne naisse, avec un dogme nouveau, pour ainsi dire, un dieu nouveau ; en sorte que le tableau de ces alternatives d’alliance et de séparation, d’unité et de schisme, est aussi celui des époques principales de la vie religieuse et de la tradition universelle.

Le livre le plus occidental de l’Orient, la Bible, fait à peine mention de la haute Asie. L’horizon du peuple hébreu ne s’étend pas

  1. Au moment où l’Europe étudie l’Orient avec une ardeur toute nouvelle, il convenait dans cette Revue, où la question orientale a été tant de fois discutée au point de vue politique, d’en indiquer le côté littéraire et philosophique. M. Quinet, qui a essayé de remplir cette tâche, y était à la fois conduit et préparé par ses travaux sur le génie des religions, que le public sera bientôt à même d’apprécier dans le livre qui doit les contenir et les résumer.