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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 décembre 1841.


L’approche de la session agite les esprits, ranime les partis, et ouvre un vaste champ aux prévisions politiques. Chacun aiguise ses armes et se prépare à la bataille. On y prélude déjà par de vives escarmouches et par des combats singuliers. En attendant le jour des luttes personnelles au sein du parlement, les hommes politiques trouvent dans la presse des champions dévoués qui se battent avec un acharnement et une violence dont il faudrait s’effrayer, si on pouvait craindre de retrouver plus tard ces fureurs dans les combats de la tribune. Triste spectacle pour les amis du pays, pour tous ceux qui, fortement préoccupés de la situation générale des affaires, savent qu’il n’est pas un homme d’expérience et de valeur dont le concours ne puisse, à un moment donné, selon les circonstances, devenir non-seulement utile, mais nécessaire. Et on voudrait aujourd’hui briser, anéantir des hommes qui ont fait leurs preuves dans les momens les plus difficiles, des hommes qui ont rendu au pays des services éminens ! Il est juste d’ajouter que les amis du cabinet ont pris les devans dans ces déplorables attaques, comme si le gouvernement devait chercher sa force dans une polémique agressive plutôt que dans ses actes, comme si par cela seul qu’il est gouvernement il n’était pas certain de ne jamais avoir, dans les luttes de cette nature, ni le dernier mot ni le dessus. Il s’agit bien, pour les hommes qui sont au pouvoir, de disserter sur ce que d’autres ont fait l’an dernier : ce qu’il faut prouver, c’est l’utilité, c’est la sagesse de ce qu’on fait aujourd’hui. Un ministère ne vit pas de critique : il ne peut vivre que par l’action, que par une action forte, digne, conforme aux intérêts du pays.

Au surplus, ce besoin de luttes personnelles, cette polémique ardente et passionnée contre des hommes qu’on prônait hier et qu’on prônera peut-être demain, il faut le dire tout haut et à tous les partis, n’est malheureusement