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DE LA POÉSIE LYRIQUE EN ALLEMAGNE.


La lune cache sa lumière
Et se voile dans ses douleurs,
Pour que les hommes de la terre
Ne puissent rien voir de ses pleurs.

Les anges ferment leur paupière,
Les petits anges bienheureux !
Et toutes les voix dans les cieux
Chantent pour le repos d’un frère.

LE RUISSEAU.

Et quand le cœur tendre et fidèle
Échappe enfin au mal cruel,
Une étoile blanche et nouvelle
Fleurit aussitôt dans le ciel.

Du sein des fatales épines
Sortent trois roses au teint frais,
Roses blanches et purpurines
Qui ne se flétrissent jamais.

Et tous les anges de lumière
Coupent leurs ailes sans regret,
Et, sitôt que le jour paraît,
Viennent au jardin de la terre,

LE MEUNIER.

Ô ruisseau, doux ruisseau chéri !
Je te laisse dire.
Mais sais-tu, ruisseau, pauvre ami,
Ce qu’est ce martyre ?

Là-bas le calme et les amours,
La paix douce et profonde.
Ruisseau, frais ruisseau, que ton onde
Chante ainsi toujours !

Puis, lorsque le sacrifice est consommé, que la nappe limpide, troublée un moment, a reployé son transparent linceul sur le corps de l’infortuné, le ruisseau recommence à chanter, et murmure à la pauvre victime endormie en son sein une lente et plaintive mélodie :

Bon repos, bon repos !
Que tes yeux se tiennent clos !
Voyageur, ton pied touche enfin au seuil propice.
Ici la foi