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REVUE DES ARTS.

À aucune époque, l’on ne s’est plus activement occupé de l’embellissement de Paris, qui certes en a besoin ; car, il faut l’avouer, Paris, qui est devenu la Rome moderne, l’œil et le cerveau de l’univers, ne répond pas encore, sous le côté monumental, à cette haute position intellectuelle. À part cinq ou six grands édifices, plus vastes que curieux, plus riches que parfaits, l’architecture y est médiocre et n’offre qu’un petit nombre de modèles à l’étude ; Paris, relativement à sa grandeur et à son importance, possède peu de sculptures publiques, peu de fontaines monumentales, peu de façades remarquables. Ses splendeurs sont plutôt intimes qu’extérieures, et il serait difficile pour l’étranger de soupçonner que ces maisons si nues et si mesquines d’aspect renferment des appartemens où sont réunies toutes les recherches du luxe, du comfort et des arts. Les églises sont d’une pauvreté honteuse pour un pays dont les rois ont toujours porté le titre de majestés très chrétiennes et de fils aînés de l’église ; les fontaines n’ont d’autre mérite que de verser de l’eau, et pas toujours encore ; les monumens publics manquent pour la plupart de sculptures et de statues.

Il s’agit donc plutôt d’orner et d’achever que de poser au hasard les fondemens problématiques d’édifices qui ne se terminent jamais et dont les ruines neuves et les échafaudages vermoulus donnent à la ville l’air d’une Carthage en construction. Jusqu’ici ç’a été un peu