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SITUATION ACTUELLE DE LA FRANCE.

de temps en temps notre signature à côté de celles des quatre puissances ; si l’Orient, arrangé comme l’Angleterre et la Russie l’ont voulu, ne nous présentait, en échange d’une influence actuelle et réelle, que des combinaisons lointaines et des espérances probablement chimériques ; si en un mot, ainsi que le dit le protocole de clôture, le but du traité du 15 juillet était vraiment atteint, sans que rien, d’un autre côté, vînt compenser pour la France ce qu’elle a perdu, alors j’ai peine à croire que la chambre, tout amie qu’elle est de la paix, ne demandât pas un compte sévère aux dépositaires officiels de sa puissance et de son honneur. Dans l’état singulier où se trouvaient les esprits et les partis, on a pu, sans trop de peine, traverser la dernière session au bruit sans cesse renouvelé d’une sorte de fanfare pacifique ; il faudra quelque chose de plus en 1842, et les représentans du pays ne penseront pas toujours que son gouvernement n’ait d’autre mission dans le monde que d’empêcher la guerre et de préserver l’humanité de ses dangers et de ses maux. Dans son intérêt comme dans le nôtre, le ministère fera bien d’y songer. La France n’occupe pas la place qui lui appartient parmi les nations : il faut qu’elle la reprenne. Ceux qui l’y aideront, quels qu’ils soient, obtiendront son amour et sa reconnaissance. Je n’ai pas besoin de dire quels seraient ses sentimens pour ceux qui l’en empêcheraient.


P. Duvergier de Hauranne.