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M. de Lamartine allait plus loin et qualifiait la note du 8 octobre de « Waterloo de la diplomatie. » Il était impossible, à son gré, que le cabinet du 29 octobre se contentât de si peu.

M. le ministre de l’instruction publique, malgré la réserve commandée par sa situation, voyait dans la note du 8 octobre une forte concession, et se plaignait de l’héritage que le ministère nouveau avait reçu de ses prédécesseurs.

M. le ministre des affaires étrangères enfin, acceptant purement et simplement l’héritage, se bornait à dire que tout ce que demandait la note du 8 octobre était accompli, et accompli à la considération de la France.

Ce n’est pas tout : parmi les lettres dont M. le ministre des affaires étrangères crut devoir donner lecture à la tribune pendant le cours de la discussion, il en est une de sa main, écrite quelques jours avant la crise, et dont il s’est fait grand honneur. Or voici ce qu’on lit dans cette lettre :

« On a tenu peu de compte de l’amitié de la France ; elle en est blessée et très justement. C’est une raison de froideur, d’isolement, de politique parfaitement indépendante et personnelle ; ce n’est pas un cas de guerre. »

« L’isolement de la France, disait de son côté M. le ministre des travaux publics, n’a rien qui doive l’inquiéter sur son avenir. Dans cet isolement même elle trouvera, elle doit nécessairement trouver des forces que peut-être elle n’eût rencontrées dans aucune alliance. »

Enfin, M. le ministre de l’instruction publique revendiquait pour le cabinet la pensée et le mot de « paix armée. »

Ainsi parlaient les ministres. Voyons quel était le langage de leurs amis. Avec une prévoyance dont il a donné plus d’une preuve dans l’affaire d’Orient, M. de Carné s’opposait d’avance à ce que la garantie de Constantinople, ou toute mesure analogue, servît de prétexte pour faire rentrer la France dans le concert européen. « Ce serait là, disait-il, une politique peu habile et peu digne. La seule sérieuse, la plus honorable, la seule utile, c’est la politique d’isolement. »

« Il faut, s’écriait de son côté le général Bugeaud, que le gouvernement suive à présent la politique d’expectative, la politique de paix armée ; qu’il attende les évènemens et qu’il saisisse l’occasion la plus propice pour porter le poids de sa vaillante épée du côté le plus favorable aux intérêts du pays. »

Il y a plus encore. C’est, on le sait, M. Jouffroy qui, le premier dans la chambre, en 1839, mit en avant l’idée, malheureuse selon