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manifesta dans la Bavière rhénane ; des arbres de la liberté furent plantés dans quelques villes, et il y eut des rixes entre les soldats et le peuple. Toutefois, même dans cette province, la plus démocratique peut-être de l’Allemagne, le parti républicain ne formait qu’une faible minorité ; ses idées effrayaient la plus grande partie de la classe moyenne et n’étaient pas comprises des masses : aussi ne fut-il pas difficile au gouvernement bavarois d’en avoir raison. Peu de temps après la fête de Hambach, le maréchal de Wrède arriva avec quelques régimens. Les associations pour la liberté de la presse furent défendues ; leurs principaux membres et les hommes les plus compromis furent arrêtés ou prirent la fuite ; les journaux proscrits à Francfort cessèrent de paraître, et tout rentra dans l’ordre accoutumé. Des mesures semblables furent prises à Munich, à Wurzbourg et ailleurs, contre les chefs du parti démagogique, et de nouveaux décrets de la diète vinrent bientôt achever la défaite de ce parti, et rendre partout au pouvoir monarchique son ancien ascendant.

L’assemblée fédérale s’occupait depuis long-temps de préparer des mesures propres à assurer la tranquillité intérieure de l’Allemagne. La fête de Hambach en hâta la promulgation ; elle fournit aussi une occasion favorable pour leur donner un caractère de réaction très énergique[1], et pour envelopper dans une même proscription les agitateurs révolutionnaires et les amis de la liberté constitutionnelle. Le 28 juin 1832, la diète publia ses résolutions, qu’on a comparées aux ordonnances de juillet de Charles X, et dont nous donnerons en substance les principales dispositions. Chaque souverain allemand, comme membre de la confédération, non-seulement a le droit de rejeter les demandes des chambres qui seraient en contradiction avec les principes de l’acte final de Vienne, où il est dit que tous les pouvoirs de l’état résident dans la personne du prince, mais encore le but de la confédération lui fait un devoir de les repousser (art. 1). Comme suivant l’esprit du même acte final, les assemblées d’états ne peuvent refuser à un souverain les moyens nécessaires pour remplir ses devoirs fédéraux et constitutionnels, le cas où ces assemblées voudraient, directement ou indirectement, faire dépendre de l’accomplissement de désirs ou de propositions quelconques leur consentement aux impôts nécessaires à l’administration, serait classé parmi les cas pour lesquels l’acte final admet l’intervention de l’autorité fédé-

  1. C’est ce qu’indique un mot attribué au prince de Metternich : « La fête de Hambach sera la fête des honnêtes gens. »