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fédérale avait voulu la renfermer. Ni la diète ni les gouvernemens n’étaient en position de faire un grand déploiement d’énergie, dans un moment où l’on était menacé d’une guerre universelle, et où l’on pouvait s’attendre à chaque instant à voir une armée française entrer en Allemagne, tandis que d’un autre côté la guerre de Pologne tenait en échec la Prusse et l’Autriche, et que cette dernière puissance avait de plus à combattre en Italie une révolution naissante. Il y eut donc comme un interrègne des lois de censure, pendant lequel on vit se produire un parti révolutionnaire qui essaya de réchauffer le vieux teutonisme en le mariant à des théories ultra-démocratiques. Les oppositions constitutionnelles, avec leurs petits projets de réforme par les voies légales, furent promptement dépassées par les journalistes, qui prêchaient à peu près ouvertement la république allemande une et indivisible, et qui adressaient à la multitude les appels les plus passionnés et les plus audacieux. Ces excès de la presse eurent surtout lieu dans les pays limitrophes de la France, particulièrement dans la Bavière rhénane où la Tribune allemande de Wirth et le Messager de l’ouest de Siebenpfeiffer s’attaquaient hardiment à la constitution même de la confédération, et la représentaient comme une ligue des princes contre les peuples, aussi funeste à l’unité de l’Allemagne qu’à sa liberté.

Il s’écoula quelque temps avant que les princes sortissent de l’espèce de stupeur où les avait jetés l’explosion de tant de volcans à la fois ; mais quand le parti de la paix triompha décidément en France, quand la chute de Varsovie eut fait évanouir les dernières espérances de la malheureuse Pologne, les chefs de la confédération reprirent courage et s’efforcèrent de regagner le terrain qu’ils avaient perdu en Allemagne. Le 27 octobre 1831, la diète déclara qu’elle repousserait toutes les adresses individuelles ou collectives touchant les intérêts généraux, « attendu qu’elle les regardait comme une tentative dangereuse pour l’ordre public, la tranquillité et l’autorité des gouvernemens, tendant à exercer sur les affaires communes de l’Allemagne une influence illégale et tout-à-fait incompatible avec la position des sujets vis-à-vis leurs souverains et de ceux vis-à-vis la confédération. » Le 10 novembre de la même année, elle rappela à tous les gouvernemens l’obligation qu’ils avaient contractée de surveiller avec soin les feuilles publiques, les brochures et les écrits périodiques, et les engagea à employer les mesures les plus convenables pour que les journaux paraissant dans leurs états fussent censurés suivant l’esprit des résolutions fédérales. Le 2 mars 1832, elle sup-