Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/603

Cette page a été validée par deux contributeurs.
599
LES GAULOIS EN ASIE.

principe, se fabriquaient en Cilicie, province de l’Asie mineure, dont ces vêtemens ont conservé le nom. Le nom de Chaly[1], que porte le tissu fabriqué de nos jours avec le poil de chèvre d’Angora, offre assez d’analogie avec le nom de cilice pour qu’on puisse le regarder comme le même mot prononcé d’une manière vicieuse. Cette industrie du tissu de poil de chèvre remonte évidemment à une antiquité très reculée, et s’est conservée sans déchoir comme sans s’améliorer pendant une longue suite de siècles. Il en est de même de l’industrie du parchemin qui s’est maintenue à Pergame depuis les rois Attales jusqu’à nos jours. Il est probable que les ateliers établis sur les bords du Selinus sont les mêmes que ceux qui furent fondés par ces princes, protecteurs des lettres. Les procédés de fabrication dans l’une et dans l’autre industrie sont restés tout-à-fait stationnaires.

Si les chèvres et les moutons offrent en Galatie d’admirables produits, la race bovine est loin de présenter un aspect aussi satisfaisant. Les bœufs sont d’une race petite et généralement mal coiffée. Le grand bétail exige pour la reproduction et l’entretien beaucoup plus de soins et de frais que les moutons et les chèvres ; il n’est pas étonnant qu’il ait un peu dégénéré. La Galatie nourrissait des troupeaux d’onagres qui occupaient les steppes des environs du lac Salé. Ces onagres erraient dans le sud de la Galatie, dans la Lycaonie et dans la Cappadoce. Il ne reste plus de trace de ces animaux à l’état sauvage en Asie mineure. Les derniers sujets de cette race ont été refoulés jusque dans les vallées désertes de la Perse. Mais les mules de Césarée de Cappadoce, issues des ânes de la Lycaonie et des jumens du Kurdistan, rappellent, par leur vigueur, leur légèreté et la beauté de leurs formes, toutes les qualités que les anciens historiens prêtaient aux onagres de l’Asie mineure. Quant à la race chevaline, on peut la considérer comme nulle en Galatie. Les Gaulois ont toujours été très peu portés pour l’équitation. Dans les combats, ils mettaient l’agilité au-dessus de tout autre moyen de défense et d’attaque, et Tite-Live fait une remarque qui se trouve parfaitement d’accord avec ce que nous voyons dans les bas-reliefs antiques : « Les Gaulois, dit-il, avant de combattre, se dépouillaient complètement de leurs vêtemens, et ne conservaient que leur épée courte et leurs longs boucliers. »

Ce n’est que dans la province de Youzgatt, ancien pays des Trocmiens, que l’on commence à trouver la race des chevaux indigènes,

  1. Les Grecs disent to salis.