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rare de voir, dans les temples antiques, les portes assez bien conservées pour qu’on puisse en étudier les proportions. Dans toute l’Italie, on ne cite que deux portes de temple, et, pour la beauté des détails, elles ne sauraient être comparées avec la porte du temple d’Auguste.

L’intérieur de l’édifice était fort simple. Une corniche, de laquelle pendaient des guirlandes de fruits, régnait à l’entour. Au-dessus de la corniche s’étend une partie complètement lisse, qui, dans l’origine, fut sans doute destinée à recevoir des peintures.

Dans le mur de la cella, à droite en entrant, on remarque trois fenêtres cintrées destinées à éclairer l’intérieur. Comme les temples anciens ne recevaient de jour que par la porte, Pococke et Tournefort avaient douté que le monument d’Ancyre fût réellement un temple, et étaient portés à le regarder comme un prytanée ; mais, en examinant de près ces fenêtres, on voit qu’elles ont été percées après coup, et que le cintre est taillé au milieu des assises horizontales des pierres de la cella. Ces fenêtres ont été percées lorsque ce temple fut converti en église ; c’est alors qu’on abattit le mur du posticum et qu’on ajouta des constructions qui se rattachent aux antes. Dans la partie antérieure du temple, on se contenta d’enlever les colonnes qui se trouvaient entre les antes, pour former le narthex ou portique qui précède toutes les églises byzantines. Vers le milieu du XVe siècle, un pèlerin de la Mecque du nom de Hadji-Baïram, fit élever une mosquée contiguë à l’église, que les musulmans avaient détruite. On employa pour la construire une quantité de fragmens de marbre provenant de la démolition des portiques du temple, et l’église byzantine fut convertie en cimetière pour les musulmans. Quelque déplorables pour les arts que soient les dégradations commises dans le temple d’Ancyre, on ne sait si l’on doit en blâmer les auteurs, car sans nul doute aucune partie de ce bel édifice ne serait parvenue jusqu’à nous. La ville d’Angora étant située sur un terrain volcanique, le marbre et la pierre calcaire sont apportés de loin, et tout ce qu’on a pu arracher aux monumens antiques pour l’employer à d’autres édifices, ou même pour faire de la chaux, a été enlevé sans scrupule. La mosquée a protégé le temple, et, quoique cet édifice soit aujourd’hui sans destination, il a été respecté comme dépendance d’un monument religieux.

Ce temple fut élevé à Ancyre vers l’an 766 de Rome, et inauguré par les princes de Galatie dont les noms sont conservés dans l’inscription grecque tracée sur le pilastre. L’inscription rapporte toutes les cérémonies et les fêtes qui eurent lieu au moment de la dédicace.