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d’Égypte à Sidylmessa ou Tafilet[1]. De nos jours, la grande caravane qui va de Maroc à la Mecque suit aussi cette antique route, c’est par là qu’Abd-el-Kader, simple pèlerin du Magreb avant d’en être le souverain, a visité la Mecque.

À cette route, qui côtoie l’Atlas et le désert, viennent se rattacher les différens itinéraires qui conduisent de l’Afrique septentrionale dans le Soudan. Je ne cherche pas si quelques-uns de ces itinéraires étaient connus de l’antiquité. La route qui, par le Fezzan, pénètre dans le Soudan, était connue sans doute des Cyrénéens et des Carthaginois, qui ne se disputaient la possession des bords stériles du fond de la grande Syrte que parce que c’était le passage des caravanes du désert ; mais je laisse de côté cette question, que j’examinerai en m’occupant de l’histoire de Cyrène, et, après avoir montré quelle est l’antiquité de cette route, je veux essayer d’indiquer l’intérêt qu’elle doit avoir pour nous.

Le système des caravanes en Afrique, et surtout dans l’Afrique septentrionale, est fort bien expliqué par M. Baude. Le départ de la grande caravane de Maroc à la Mecque sert de règle aux petites caravanes, qui viennent s’y joindre des divers points des régences barbaresques, et aux caravanes plus considérables qui viennent de l’intérieur de l’Afrique. Le temps du départ, le temps de la marche, l’époque de l’arrivée dans le désert, les stations, tout est connu d’avance. Les caravanes qui partent d’Oran, d’Alger et de Constantine, se réunissent à Ouerghela, la ville la plus méridionale de la régence d’Alger, à cent cinquante lieues de la Méditerranée. C’est là qu’elles attendent ou qu’elles rejoignent la caravane de la Mecque. Ouerghela est sur cette route de l’ouest à l’est qui sert au midi de chemin de ronde à toutes les régences barbaresques, et qu’il est important pour nous d’étudier.

J’ajouterai que, pour bien comprendre le genre d’influence que nous pouvons avoir sur les caravanes, il faut remarquer qu’avant d’arriver à Ouerghela les caravanes de l’Algérie ont des stations intermédiaires. Medeah est la station d’Alger, Biscarah et Tuggurth sont les stations de Constantine et ces stations, dans un pays comme l’Afrique, où la nature a tracé elle-même la direction des routes en ne plaçant l’eau et l’herbe que dans certains endroits, ne peuvent pas être changées arbitrairement ; d’où il suit que posséder une seule station, c’est être maître de toute la marche des caravanes.

Il y a plus, l’échange des denrées est aussi nécessaire et aussi dé-

  1. Walckenaer, 252.