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M. Guiraud, la matière telle que Satan l’a faite. À part la division des élémens et la disposition qu’il leur donne lui-même, Dieu se tient en arrière, et il laisse Satan, représentant de la matière et de l’élément terrestre, répandre l’animation autour de lui. C’est ainsi que s’accomplit la création du règne animal. Quant à l’homme, Dieu participe à sa formation, parce que l’homme est une créature mixte, placée entre Dieu et le diable ; mais pour les bêtes, c’est Satan qui leur a donné la vie. En doutez-vous ? Pourquoi saint Jean nomme-t-il Satan le grand dragon, ou pourquoi Moïse l’appelle-t-il serpent ? Pourquoi tous les grands civilisateurs, comme Hercule et Thésée, ont-ils détruit des monstres ? Pourquoi les seigneurs féodaux faisaient-ils la chasse aux bêtes ? Pourquoi enfin tous les animaux ont-ils été noyés dans le déluge, par ordre de Dieu même ? C’est que par leur essence satanique ils avaient participé à tous les désordres, et c’était Satan animé que Dieu poursuivait en eux. Qu’ont donc fait toutes ces pauvres bêtes à M. Guiraud pour qu’il les charge d’un pareil anathème ? Il est sans pitié, parce qu’il voit en elles le mauvais principe. Toutefois, au milieu de tout son indignation contre la gent animale, il a un bon mouvement ; il ne la damne pas pour l’éternité, il espère que les bêtes, puisqu’elles ont eu part à la chute, auront aussi leur part du rachat ; puis il nous promet de nous dire à cet égard sa pensée quand il traitera des effets de la rédemption. Voilà un trait de charité qui nous désarme : si l’auteur de la Philosophie catholique est inexorable dans ses déductions logiques, du moins il a bon cœur.

Nous sommes enfin dans le paradis terrestre. Puisque M. Guiraud connaît si bien les anges, je vous laisse à penser s’il peut ignorer quelque chose de ce qui concerne le premier homme. Grace à lui, nous avons sur l’état de l’homme avant le péché les renseignemens les plus positifs et les détails les plus précis. Heureux écrivain ! il lui est donné d’appendre à l’humanité ce qu’elle avait ignoré jusqu’à présent : ce n’est pas en vain qu’il a appelé Dieu dans la solitude et le silence.

Dieu prodigue ses biens
À ceux qui font vœu d’être siens.

Que l’humanité soit donc attentive. Le premier homme, même avant d’avoir une compagne, était capable d’engendrer et de multiplier des êtres semblables à lui. Cela vous étonne au premier abord, parce que vous ne comprenez pas que la réalisation immédiate et spontanée de la pensée divine fût la création de l’homme seul et un se